ON A TOUT SON TEMPS

Manque-t-on vraiment de temps ?

Je ne me lasse jamais de relire un bon livre, en l’occurrence le livre « Facile » d’Olivier Pourriol que je recommande chaudement à chaque fois que l’on me pose la question en podcast.

Mais à chaque relecture, je re-découvre ce qui me semble des banalités et qui sont pourtant essentielles.

Si vous ne le savez pas, je dis régulièrement et j’en suis persuadé que la vie, c’est d’abord et avant tout avec soi-même, avec ses pensées.

Qu’il faut apprendre à vivre avec soi avant de vouloir vivre avec autrui.

Qu’il faut savoir composer avec ses pensées, ne pas forcément y réagir et apprendre à s’observer tel un bon inspecteur en quête d’informations afin de résoudre l’enquête essentielle ô combien importante : Qui sommes-nous ? 

Plutôt que de compter sur autrui pour être heureux, il faut savoir se suffire à soi-même en bonne partie pour pouvoir être bien avec son voisin.

Or, dans notre monde actuel, nous espérons que l’autre nous rendra heureux.

Nous lui balançons toutes nos incertitudes, nos questionnements, nos manques et espérons que celui-ci comblera tout, qu’il aura toutes les réponses et que l’on sera alors enfin heureux.

Nous faisons comme avec de nombreux sujets, nous cherchons des raccourcis, à gagner du temps comme j’en parlais dans mon article « L’exemplarité pour durer« .

Je me souviens encore d’un petit jeune au SuperPhysique Gym en 2014 qui attendait patiemment que ses potes soient disponibles pour aller se promener et qui ne supportait pas de rester seul avec soi-même.

Cela m’avait surpris car je suis habitué depuis tout jeune à compter essentiellement sur moi, à m’introspecter, à essayer de me comprendre tout en sachant que je ne suis qu’impermanence et influencé en permanence malgré moi.

Je découvrais alors que de nombreuses personnes ne passaient jamais de temps seul, à ne rien faire, à juste réfléchir, à se perdre dans leurs pensées.

Ce matin, un passage m’a fait écho dans le livre d’Olivier Pourriol :

« Quand on pense, on a tout son temps ».

Alors que de nombreuses personnes courent après le temps, parce que dans l’urgence de la vie, on n’a pas de temps à perdre.

On a l’impression de manquer de temps, de n’en avoir jamais assez mais parce que l’on ne prend le temps de penser.

Je ne sais pas si vous lisez des livres ou des articles intéressants (comme celui-ci :D), mais quand vous êtes immergé, le temps n’existe plus.

Vous êtes à ce que vous faites et c’est un sentiment merveilleux.

C’est un sentiment d’immortalité où plus rien ne compte où le temps ne compte plus.

On parle souvent de « Flow » et c’est exactement ca. On est à ce que l’on fait et plus rien ne compte.

On en est plus à vouloir plus de temps, à vouloir rallonger les journées parce que 24 heures ne suffisent pas pour tout faire.

Quand j’ai commencé à vraiment beaucoup travailler, au début des années 2010, je me souviens que j’étais sous l’eau.

Je n’arrêtais pas de répondre à des emails, à plusieurs centaines par jour.

Je faisais les programmes de mes élèves en suivi coaching à distance dès qu’ils me l’envoyaient.

Je n’arrivais pas à m’arrêter tant que je recevais des emails à tel point que mon travail était essentiellement d’y répondre.

J’allais manger et quand je revenais en faisant F5, j’en avais reçu 50 de plus.

J’avais l’impression de manquer de temps à taper toujours plus vite sur le clavier de mon ordinateur.

Je n’avais pas le temps de me poser des questions sur ce que je voulais, sur ce que je désirais dans la vie.

Mon côté professionnel me poussait à répondre présent, coûte que coûte et si je n’arrivais pas à 0 email, je ne pouvais pas m’arrêter.

Lire des livres ? Impossible.

Me demander ce que je pensais ? Je n’avais pas le temps de penser.

Me demander ce que j’avais envie de faire ? Aucune idée.

J’agissais telle une machine dans l’urgence de la vie que je m’étais créé et je manquais de temps.

Je pensais être productif quand j’étais seulement inorganisé au possible. Je faisais des heures pour rien.

Puis, un jour, alors en déplacement en Corse chez des amis, ne pouvant lâcher mon ordinateur malgré le fait que j’avais prévenu mes élèves que je serais indisponible une semaine, que j’avais fait les programmes pour deux semaines et mis en place un message automatique, une fille dont j’ai oublié le prénom me demande pourquoi je réponds toujours du tac au tac.

Sa question me surprend car je ne m’étais jamais imaginé faire autrement.

Elle me fait découvrir la catégorie « brouillon » de ma boite de messagerie, je crée un onglet « En attente » dans lequel je mets tous les emails qui ne nécessitent pas une réponse « urgente », c’est à dire un retour de programme hebdomadaire.

Du jour au lendemain, je me mets à avoir du temps.

Et je découvre que mon manque de temps n’était dû qu’à un manque d’organisation.

Je me mets à réfléchir et surtout à m’apercevoir que je réfléchis plus que ce je pensais.

Je me pose des questions, j’y cherche des réponses, j’ai le temps de devenir curieux tel que vous me connaissez aujourd’hui.

Et surtout, je m’immerge, je suis dans le Flow.

Le temps n’existe plus, je suis et c’est plus que suffisant.

Cette expérience du Flow est particulière pour ceux qui ne l’ont jamais expérimenté car dès que l’on y pense, on en sort.

Par exemple, quand je fais du Kayak, j’en oublie parfois tout ce qu’il y a autour mais dès que je pense que je suis bien, j’en sors.

Quand je lis un livre, dès que je me dis qu’il est bien, j’en sors.

En un sens, comme si la pensée me ramenait à une autre réalité.

Pour m’inspirer de la dernière newsletter de Nicolas Hennion, j’oserais même dire que lorsque l’on vibre, on est sur la bonne fréquence.

Mais dans ce monde où tout est urgence et objectif, tout devient une question de temps.

On n’est jamais assez rapide, assez efficace, assez tout court.

Si aujourd’hui, je me sens si productif chaque jour, c’est justement parce que j’ai ce temps et que quand je suis à quelque chose, j’y suis vraiment.

Alors le temps n’a pas d’importance parce que quand je suis, il n’existe plus.

Les minutes peuvent défiler qu’elles n’existent plus dans le monde où je me trouve.

Les heures peuvent passer que j’ai l’impression d’être plongé dans l’immensité de l’univers, dans l’infini.

Vous ne manquez donc pas de temps.

Vous manquez d’organisation à vouloir, à croire vouloir tout faire parce que vous devez tout faire comme si cela allait « arranger » votre vie vers le mieux.

Vous n’avez pas besoin de « tout » faire.

Vous allez seulement besoin d’entrée en résonance avec vous-même et vos pensées et de laisser faire ce qui doit être fait.

Le retard, ca n’existe que dans le faux monde .

Ce qui compte, c’est ce que vous vivez, pas ce que vous faites.

On a donc tout son temps.

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