TU NE MERITES RIEN

J’ai longtemps eu envie de croire à la méritocratie, que nos efforts seraient forcément récompensés à la hauteur de ceux-ci.

Mais plus les années passent et plus je me rends compte de la supercherie, de cette histoire inventée de toute pièce pour nous « forcer » à faire toujours plus.

Lisant actuellement « Slow Productivity » de Cal Newport, que je peux vous conseiller, il est navrant de constater que plus les outils technologiques évoluent et plus nous sommes productifs ou en tout cas, obligé de l’être.

En faire moins, c’est ne pas en faire assez.

Et alors ne rien mériter en terme de résultats.

Outre que la définition de la productivité ne soit pas la bonne, qui plus est dépendante d’un contexte, je ne peux que constater chaque jour que nous sommes tous différents.

Je m’en rends compte car je suis capable de prendre du recul, que j’ai organisé ma vie au fil des années pour passer des bonnes journées et avoir du temps pour réfléchir.

Aussi, pour avoir passé des années dans cette course frénétique à la fausse productivité, j’ai fini par me réveiller un jour en me demandant pourquoi j’en faisais autant, quel était le but final de tout ce travail ?

Qu’est ce que j’allais vraiment y gagner ? Mais surtout, qu’étais-je en train de perdre ?

Parce qu’il est désormais clair que la méritocratie est une illusion.

Naturellement, si nous faisons des efforts, nous aurons des résultats, nous développerons une expertise.

Mais il est impossible pour quiconque de savoir quels résultats nous aurons et quelle expertise nous développerons.

Pire, ce sont les problèmes que l’on rencontre et notre philosophie de vie qui vont conditionner le développement de cette expertise ou l’abandon de soi-même, ce que font la majorité des gens, pris frénétiquement dans une course au toujours plus d’efforts, comme si c’était la solution à tous les problèmes.

C’est comme si la majorité tournait en rond dans une cage à l’instar des expériences de laboratoires sur les souris, en tout cas de l’image qu’on m’a colporté sans que je prenne le temps de la vérifier.

A courir après tout, à infiltrer le monde professionnel dans notre vie personnel, nous pourrions penser que nous sommes tous semblables.

A être hyper connecté, on ne sait plus qui on est.

On ne prend plus le temps de se poser des questions, de se demander quelle vie on souhaite vivre et où on souhaite aller.

On laisse défiler sa vie et on arbore, à l’instar du surentrainement en sport ou du Burnout, des comportements qui ne sont pas les nôtres.

C’est comme si on était en sèche en musculation en tout temps où si l’on nous vole un bout de poulet, on voit rouge, super rouge !

Poussés dans nos retranchements, nous sommes tendus, irritables, calculateurs, menteurs…

Nous sommes le pire de l’espèce humaine.

Nous accumulons les réactions, les comportements néfastes parce que c’est trop pour nous.

Nous n’avons jamais autant produit mais est-ce cela le but de votre vie ?

Produire toujours plus, faire plus pour ?

Certainement pas pour être heureux, pour vivre une vie qui a du sens.

Chaque jour, je constate mes différences avec autrui.

J’ai toujours su que j’étais différent et j’ai toujours voulu cultiver cette différence.

Si la majorité adopte un comportement, j’essaierais de faire l’inverse.

Si une mode apparait, je prendrais le contre pied et je jouerais ma partition.

Si tout le monde dit qu’un film est bien, je m’en méfierais comme la peste.

Pourquoi ?

Parce que la plupart des gens ne sont plus capables de réfléchir, de prendre du recul.

Ils réagissent à chaud mais n’agissent pas comme j’en parlais dans cet article LeaderCast.

Pire, ils pensent que tout leur est dû.

Je ne compte plus le nombre d’exemples autour de moi de personnes qui, dans ce monde d’abondance, se plaignent quand il faut faire des efforts, payer de sa personne ou avec son argent.

Qui ont oublié qu’il faut beaucoup donner pour recevoir.

Que si l’on ne donne rien, on a le droit à… RIEN !

On ne supporte plus de ne pas recevoir sa commande le lendemain.

Dès que cela dépasse 2 lignes, on zappe.

Combien de messages je reçois quand on m’a commandé un livre que je dédicace, dont je fais l’enveloppe et avec lequel je vais à la poste pour me dire qu’on ne l’a pas reçu le mercredi quand on l’a commandé le lundi alors que j’ai expliqué je ne sais combien de fois que je vais à la poste une fois par semaine ?

D’ailleurs, si vous voulez commander mon meilleur livre (Je dis ca, je dis rien…).

Je me sens différent de la masse parce que j’essaie de vivre une grande vie paisible.

Parfois, je me sens attiré par l’envie de faire plus ; Quand je rencontre un copain en plein développement, quand on me propose des projets, quand j’écoute des podcasts… Mais je me freine volontairement.

J’ai une vision de l’entrepreneuriat différente.

Car je sais que ce toujours plus est une illusion qui enferme au lieu de rendre libre.

On dit que la liberté, c’est de choisir ses contraintes.

Je rajouterais que la liberté, c’est déjà de choisir qui on est.

Ce n’est pas d’être un mouton, à s’agiter dans la prairie pour le dernier bout d’herbe disponible.

C’est pour cela que je n’aime pas aller à Paris ; parce que je rencontre de nombreux gens stressés qui courent après leurs vies sans comprendre qu’elle est en train de défiler.

Il n’y aura jamais de moment où tout ces efforts prendront du sens.

Il n’y aura pas de révélation qui justifieront tous ces efforts.

Et si vous êtes récompensés au delà de ce que vous imaginiez possible ?

Cela n’enlèvera pas le vide que vous ressentirez d’être arrivé au bout.

Vous vous direz alors « Tout ca pour ca ? »

Mes différences et ce choix de la différence expliquent que je sois encore là plus de 20 ans après avoir commencé à écrire presque quotidiennement.

Parce que je sais que je ne mérite rien, que rien ne m’est du et que les efforts que je fais sont essentiellement désintéressés à tel point que je ne m’en rend même plus compte.

J’ai bien intégré que la majorité des gens n’étaient pas eux mêmes et ne pouvaient pas bien communiquer.

Alors j’essaie de traduire ce que l’on me dit, même si en apparence, nous parlons le même langage.

J’essaie de comprendre ce que l’on souhaite vraiment me dire.

Et je trace ma route, en espérant que cela donne des idées à d’autres.

De sortir de la matrice comme jadis, Néo l’avait fait !

Si cet article vous a plu, nul doute que vous adorerez mon PATREON.

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