TOUT LE MONDE MENT

A la terrasse d’un café à Cannes, en attendant de donner cours aux futurs coach sportif lors du CQP IF d’ABD Formation dans lequel j’interviens presque partout en France, je me faisais la réflexion que nous sommes un monde de menteurs.

Il est vrai dès que nous lisons, regardons ou entendons quoi que ce soit, tout est enveloppé d’une histoire, de légende à tel point que nous ne savons plus ce qui est vrai.

Les réseaux sociaux font croire que le monde entier est heureux, vit sa meilleure vie, qu’il n’y a que des hauts.

Marcel Proust disait : « Ce qu’il y a d’admirable dans le bonheur des autres, c’est qu’on y croit ».

Le pire n’est pas que tout soit faux ou presque mais que nous apprécions le mensonge, que nous l’acceptons et que nous le trouvons formidable.

Comme si porter tel vêtement, telle lunette, posséder telle voiture allait nous donner le sourire comme sur les affiches, que les possessions nous déterminaient.

Lisant actuellement « Un esprit bof dans un corps pas ouf » d’Anne Sophie Girard, je ne peux m’empêcher de me poser des questions fondamentales.

Pourquoi la réalité ne nous suffit-elle pas ?

Pourquoi préférer vivre dans un monde de mensonge plutôt que de vérité ?

Et pire, pourquoi apprécie-t-on plus les menteurs et les menteuses que ceux qui sont francs et directs ?

Existent-ils des « vérités » qui ne sont pas bonnes à dire ?

On me dit souvent que je ne mâche pas mes mots, que je ne prends pas de pincettes et je peux avoir une certaine froideur / brutalité notamment à l’écrit, sans que je le sois réellement dans le fond et que je fasse un effort pour peser mes mots.

C’est pour cela que je ne réagis jamais à chaud et laisse un temps de latence si un « problème » survient.

C’est sans doute, en partie, ce qui me distingue de la norme.

La première fois que j’ai le livre « Comment se faire des amis ?« , qui porte très mal son nom, de Dale Carnegie, j’étais mal à l’aise.

Tous les conseils qu’il donnait étaient inapplicables pour moi.

J’y voyais de la fourberie à chaque page, de la manipulation décidée… Le tout pour se faire apprécier d’autrui.

Mais qu’est ce qu’on en a à foutre de se faire apprécier si l’on n’est pas soi-même ?

Faut-il jouer un jeu dont on n’est pas le héros ?

J’ai grandi en disant ce que je pense, en étant direct et sans tourner autour du pot.

C’est d’ailleurs ce qui fait le succès de mon Patreon où je ne me retiens de presque rien.

Pourtant, ce livre et les conseils qu’ils donnent sont tout à fait plausibles.

Toute cette vie n’est qu’une mascarade, une parade où il s’agit d’être le meilleur des paradeurs puisque le principal pouvoir, dans ce monde, est d’avoir du réseau, de pouvoir compter sur autrui en cas de problèmes.

Pour se faire, il ne suffit pas de connaître.

Comme dans un couple, les relations s’entretiennent sinon elles disparaissent. C’est l’entropie, tout simplement.

Mais se posent alors la question essentielle : Doit-on mentir pour exister ?

Et si mentir n’était pas le débat ?

Si omettre n’était finalement pas un mensonge ? (Enfin, tout dépend du contexte quand même !)

J’ai eu le déclic lorsqu’il y a quelques années, un de mes anciens élèves en suivi coaching à distance, David, m’a expliqué qu’il ne fallait pas dire ce que l’on pensait mais penser ce que l’on disait.

Au début, je ne l’ai pas compris tout comme le livre de Carnegie.

Je n’ai pas voulu y prêter attention.

Je me disais : « Quel est ce monde où on ne peut dire ce que l’on veut ? »

Mais, comme tout dans la vie, on n’a droit à rien sans faire des efforts.

Même avec des efforts, il n’est pas dit que l’on devienne, obtienne ou mérite quoi que ce soit.

On multiplie toutefois ses chances d’avoir.

On ne se fait que rarement apprécier parce qu’on est qui on est au plus profond.

On n’est pas tout blanc, tout rose et même si on nous partage sans arrêt la bienveillance ambiante, on préfère que l’on garde notre noirceur et nos problèmes pour nous, surtout dans ce monde égocentré où l’on se croit au centre de tout et où l’on ne souhaite que vivre le meilleur, comme si cela était possible.

On se fait « aimer » parce qu’au lieu de dire ce que l’on pense, on pense ce que l’on dit.

Petit à petit, j’ai eu le déclic, notamment en voyant d’autres faire.

Au lieu de pointer du doigt ce que j’estimais être des défauts, des erreurs… je me suis mis à valoriser autrui.

Plutôt que de lui balancer mes vérités avec mon exigence sans doute disproportionnée par rapport à ses capacités mais également vis à vis des miennes,  j’ai commencé à le féliciter.

J’ai remis en question le « Si tu veux, tu peux » qui n’est qu’un énorme mensonge.

Car chacun d’entre nous fait du mieux qu’il peut avec ce que la nature lui a donné.

Je ne crois pas que quelqu’un se dise : « Et si je faisais le pire que je puisse faire ? ».

Je crois qu’il y a des choses à dire et à ne pas dire.

Je crois que l’avis non sollicité n’a pas à être exprimé.

Que l’avis de personnes qui ne sont pas des proches, qui ne sont que de passages, qui sont des touristes comme dirait Jean Rivière n’a pas à être partagé.

Que l’on doit sélectionner minutieusement les mots que l’on utilise.

Que s’exprimer s’apprend et n’est pas innée.

Combien de fois ai-je vu, lu et entendu ce que je prenais comme des attaques personnelles alors qu’il s’agissait uniquement d’un manque de vocabulaire, d’intelligence sociale et d’une communication à revoir ?

C’est pour cela que je ne réagis plus à chaud mais avec du recul en me demandant ce que l’on souhaite réellement me transmettre ?

Quelle est la véritable signification du message ? 

Bien sur, je n’aime toujours pas que l’on me mente, que l’on me prenne pour un bleu et je regarde ce monde de mensonge grandir de jour en jour ce qui m’en éloigne de plus en plus.

Mais au quotidien, dans mes échanges avec autrui, j’omets une bonne partie de ce que je pense.

Parce que l’intelligence n’est pas dire tout ce que l’on a dans la tête.

C’est d’ailleurs la différence entre un enfant et un adulte.

Mais ca, personne ne me l’avait appris quand j’étais encore à l’école.

J’ai du apprendre par moi-même que la communication, que l’intelligence relationnelle, émotionnelle, sociale… peu importe comment on la nomme s’apprend et se développe.

Le monde est faux, complètement faux.

Mais les relations avec autrui n’ont pas à l’être.

Concentrons nous sur nos ressemblances.

Valorisons les efforts d’autrui.

Et arrêtons de nous comparer, de téléporter nos propres exigences sur autrui.

Ca ne le concerne pas et je ne suis même pas sur que cela nous concerne puisqu’elles sont avant tout héritées de nos gènes et de notre éduction.

Essayons d’être le plus objectif même si c’est impossible tant nous sommes le produit de notre environnement.

Il ne s’agit donc pas de mentir, mais de partager une partie de notre vérité, qui n’est de toute façon, que notre vérité subjective.

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