Chaque semaine, mes LeaderCasts amènent son lot de réflexions et de questions.
Bien que je précise préférer recevoir celles-ci sous l’article en question, il arrive que j’en reçoive parfois de manière privée via la partie contact du site.
Cette semaine, j’aimerais donc en profiter pour répondre à une question de « Jacques ».
Ce n’est évidemment pas son vrai nom puisque le message est privé mais il m’a interpellé et je pense, peut être à tort (vous me direz), que beaucoup d’entre-vous sont dans cette situation.
Voici le message en question :
« Bonjour Rudy,
j’ai 23 ans et j’écoute tes podcasts depuis bientôt 6 mois, j’en arrive à la fin de mes études de kinésithérapie ce qui fait que j’ai un mois de pause où je peux permettre à mon esprit de se nourrir réellement. En effet tous les aspects de cette profession ne me plaisent pas. Et même s’il me semblait qu’en tant que profession libérale il était possible de fixer ses heures de travail, je constate que dans les faits ce n’est pas le cas or l’idée de «travailler» (j’ai écouté tes podcasts et sait donc ce que tu entends par là d’où les guillemets) 10h par jour me rebute.
J’ai toujours poursuivi les études et suis rentré dans le moule diplômant classique par sécurité, mais e sens bien au fond de moi que ce n’est pas le mode de vie auquel j’aspire. J’ai grandi avec un grand père lutteur, haltérophile et pratiquant de musculation, ainsi qu’un père qui m’a mis une haltère dans les mains à 4 ans avec les modèles en pointillés du Visa de Jean Texier (même si je n’ai jamais pu «exploser» en raison de diverses contraintes), et DBZ au goûter en rentrant de l’école. Je ne pense pas être le seul à partager ces références avec toi mais tout cela constitue un paradigme qui me poussent à te demander conseil.
Quand je t’écoute et te «vois t’entraîner», à l’inverse de précédemment, je sens que c’est ce à quoi j’aspire, nous partageons je pense les mêmes valeurs globalement.
J’en arrive donc à ma question principale. Je sais qu’il ne faut pas chercher à «faire comme» et créer son chemin. Mais ce fait me paralyse en même temps car je ne vois pas ce que je peux apporter de réellement différent ou de plus. Aurais tu un conseil pour m’aider à faire ce 1er petit pas vers la vie que je veux mener ?
Ensuite quelles formations ou livres recommande tu pour apprendre à investir afin de se rendre indépendant financièrement ?
Nous risquons je l’espère nous rencontrer dans ta salle de l’esprit et du temps à Annecy dans les prochains mois.
J’espère que tu auras le temps et le courage de me lire et si ce n’est pas le cas sache que tu m’aides déjà beaucoup avec tout le contenu que tu proposes gratuitement et t’en suis d’une grande reconnaissance et d’un grand respect.
Cordialement »
Comme vous le savez sans doute, j’ai commencé « ma carrière » en tant que coach sportif, en étant le premier en France à le proposer à distance via mon site RudyCoia.com qui, à l’époque, s’appelait « Coach-perso.fr ».
Mais à la base, ce n’est pas ce que je souhaitais faire.
Très jeune, je rêvais d’être journaliste, de partir à l’autre bout du monde, raconter ce qu’il s’y passait mais, à l’école, je n’ai jamais écrire pour ne « rien » dire comme on nous le demandait.
Alors l’idée m’est vite passé bien que je l’ai exploitée via de nombreux reportages sur mon site SuperPhysique notamment quand j’ai été au Fibo en 2009, à l’Arnold Classic à Columbus en 2010, à Mr Olympia à Las Vegas en 2011…
Par la suite, je pensais devenir professeur d’EPS dans un collège ou un lycée. J’adorais le sport (tout comme maintenant) et je ne m’imaginais pas ne pas faire du sport chaque jour qui passe.
Mais j’ai découvert la musculation et c’est alors devenu une passion au détriment de tout le reste.
Alors, j’ai eu envie de devenir professeur de musculation comme on appelait cela au début des années 2000.
J’ai fait les démarches nécessaires, eu des dérogations pour passer certaines étapes indispensables afin d’avoir le droit d’enseigner contre rémunération.
Malheureusement (ou heureusement), avec mon diplôme en poche, personne ne voulait m’embaucher. Personne ne me croyait capable de tenir une salle à 18 ans.
Par « chance », sans calcul aucun, ma notoriété sur le net m’a amené à recevoir des demandes de programmes, de suivi.
C’est comme cela que j’ai « fini » par devenir un pionnier, à « innover » parce que j’étais dos au mur.
J’ai donc « inventé » en quelque sorte mon chemin mais je ne suis pas parti de rien.
J’avais derrière moi des années de forums, de présence, d’activité en ligne et déjà des demandes.
Je ne me serais jamais « lancé » comme ca, sans filet de sécurité (J’habitais encore chez mes parents), sans avoir aucun certitude de pouvoir en vivre, ne serait qu’un peu, c’est à dire de gagner de l’argent.
A notre époque, et ce depuis quelques années, de nombreuses personnes souhaitent devenir coach-sportif, passent des BPJEPS à tel point qu’il ne vaut plus rien, qu’en fonction de l’école où on le passe, on est parfois en dessous du niveau zéro d’un point de vue physique mais aussi surtout au niveau des connaissances élémentaires d’où, en théorie, sa disparition prochaine au profit des formations certifiantes comme la Formation SuperPhysique.
Alors quand on me demande mon avis sur l’avenir du coaching sportif, sur le fait de devenir coach, quand je vois, en exagérant un peu, plus de coach que de pratiquants, que l’on n’apprend pas le B.A.B.A. de la vente, qui fait bien plus que toutes les connaissances physiologiques du monde pour vivre de ce métier, je déconseille à 99,9% cette voie.
Et tu sais ce que je conseille ? De devenir Kinésithérapeute.
Pourquoi ? Parce qu’être kinésithérapeute, c’est presque être comme coach sauf que tu n’as pas besoin de faire de la publicité, tu n’as pas besoin de te vendre, les gens viennent à toi et sont même remboursés.
Si on compare ces deux « métiers », dans les deux cas, tu aides les gens à être en meilleur forme physique, tu les remets sur pieds après une blessure ou une période d’inactivité et surtout les gens qui viennent ont envie d’aller mieux.
Je peux malheureusement t’assurer, d’expérience, pour avoir coaché des milliers de personnes depuis 2006, qu’au début de ma carrière, de nombreux élèves que j’avais étaient là parce qu’ils avaient vu la lumière, pas parce qu’ils voulaient aller mieux et que ca comptaient à leurs yeux.
De plus, le métier de kinésithérapeute est un métier d’avenir. Contrairement à d’autres métiers comme banquiers, assureurs, comptables… Jamais, ce métier ne disparaîtra car la plupart des gens, et c’est normal, ont besoin que l’on prenne soin d’eux, qu’on leur dise quoi faire et qu’on leur rappelle régulièrement.
Tu crois, peut être, qu’en tant que coach sportif, tu auras des sportifs à entraîner, voir des sportifs de haut niveau mais c’est rarement le cas et à ce niveau, tout fonctionne au réseau, à la recommandation, au piston.
Au final, ce sont les mêmes élèves / patients que tu as, monsieur et madame tout le monde qui veulent être en meilleure forme.
Personnellement, c’est ce que je préfère car, en règle générale, ce type de personne connaît la valeur travail et sait que rien ne tombe du ciel. Ils vont donc agir et ne pas compter sur le talent pour avoir des résultats.
De plus, d’un point de vue psychologique, cela les transforment complètement et les amènent à avoir une vie plus épanouie par la suite.
On contribue alors à améliorer le monde.
Comme j’en parlais il y a quelques podcasts, l’important dans son travail, plus que le travail en lui-même, est de lui trouver un sens, de se sentir utile.
A partir de là, j’oserais dire que tout a de l’intérêt.
De plus, en tant que kinésithérapeute, tu peux te spécialiser et je prends également le pari qu’il y a bien évidemment une ou plusieurs spécialités qui vont te passionner, c’est plus qu’une certitude.
Alors, je comprends bien que tous les aspects du métier ne te plaisent pas mais ce serait mentir de te dire que tous les aspects de mon métier me plaisent, que je connais une personne qui adore tous les aspects de son travail.
Même si la mode sur les réseaux sociaux, c’est de faire croire que l’on a une vie exceptionnelle où l’on se régale à chaque instant, ce n’est qu’un énorme mensonge.
Il y a forcément du pour et du contre et l’important est qu’il y ait plus de plus que de contre.
Dans le livre « l’apprentissage du bonheur« , l’auteur conseille pour une vie de couple qui fonctionne (je pense que cela peut s’extrapoler à tous les domaines de sa vie), la règle de cinq moments positifs pour un moment négatif.
Mon premier conseil serait donc de te dire qu’après cinq années d’études, tu as fait un très très bon choix et surtout de commencer à travailler dans ce secteur en sentant ton utilité, en essayant de faire du mieux que tu peux, en essayant d’aider vraiment tes patients à aller mieux tout en ayant conscience qu’effectivement, certains viendront à contre cœur, seront parfois de mauvaises humeurs, peut être ne feront pas tous ce que tu leurs dis… Mais ça, c’est l’humain et il faut l’accepter tel qu’il est car personne ne change vraiment.
Ta deuxième question est intéressante car de nombreuses personnes n’ont aucune hygiène économique et il est clair qu’aujourd’hui, avoir de l’argent de côté, c’est avoir une certaine liberté. C’est pouvoir s’acheter du temps qui est notre bien le plus précieux.
Mais celle-ci montre également une incompréhension, à mes yeux, dans tes objectifs.
Tu ne peux pas espérer gagner beaucoup d’argent, en partant de rien puis devenir indépendant financièrement sans beaucoup travailler.
Je peine à comprendre la nouvelle « tendance » à la mode qui est de devenir riche mais sans s’en donner les moyens.
En moyenne, un kinésithérapeute, génère environ 60 à 70 000 euros de chiffre d’affaire annuel, ce qui laisse, si on est un peu malin, au moins 3000 euros net par mois ce qui t’amène dans les 5% des plus hauts revenus de France et sans doute dans les 1% des plus hauts revenus mondiaux.
Evidemment, ce chiffre d’affaire n’est accessible que si tu travailles « beaucoup ».
Tu parles de 10 heures par jour, tout dépend comment tu exerces ton métier.
Si tu fais des soins à domicile, tu gagnes plus qu’en cabinet.
Si tu vas dans des maisons de retraites, tu augmentes ton taux horaires.
Si tu fais des séances de groupe, on peut imaginer des séances de rééducation en salle pour des personnes ayant été opéré d’un ligament croisé, tu augmentes ton taux horaires.
Rien ne t’empêche non plus d’organiser des séances de sport collectives sur une thématique qui aideraient tes patients, en plus des soins généraux, comme des séances d’assouplissements /étirements.
Tu peux également faire des dépassements d’honoraires, même si ce n’est pas tout le temps bien vu…
Si le centre où tu travailles à une piscine, tu peux sans doute prendre plus de patients à l’heure aussi (Quid de la qualité du travail derrière ?)
Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de métier où tu puisses choisir autant tes horaires finalement, non ?
Et surtout de la manière dont tu souhaites travailler.
Mais effectivement, avec certitudes, si tu veux gagner « beaucoup » d’argent et devenir indépendant à ce niveau, tu vas devoir faire des heures et des heures.
En même temps, personne n’est jamais devenu indépendant à ce sujet sans avoir un jour ou l’autre travailler comme un forcené à un moment de sa vie.
Peut être que cela n’est pas assez précisé ou mis en avant, je ne sais pas.
Avant donc de parler d’indépendance financière, il faut économiser et pas qu’un peu.
Tu sais, la dernière fois, je parlais avec un de mes élèves à ma salle et il me demandait comment devenir millionnaire.
Il me disait qu’il avait des amis à lui, qui était à l’école avec lui, qui avaient monté des sociétés et les avaient revendu des millions.
Alors à 42 ans, il se demandait comment faire.
Voici ma réponse textuellement (Ecoutez la version audio pour plus de détails) :
« Si à 42 ans, tu n’as pas acheté ta résidence principale, que tu n’as pas au moins 200 000 euros de côté, tu ne seras jamais millionnaire. Tu ne seras jamais indépendant financièrement du travail et tu devras compter sur la retraite si elle existe encore quand tu en seras à ce moment là ».
Ca peut paraître dur, difficile à entendre mais c’est la réalité.
Dans le livre « Pourquoi eux ? Les secrets d’une ascension« , toutes les personnes interrogés en arrivent à une conclusion, qui pourraient faire débat mais qui, s’avère juste d’après mon expérience : « Si à 25 ans, on n’est pas lancé dans une voie, dans un domaine, alors on ne fera jamais rien de grand au sens stricte où l’entend la société ».
Voilà la vérité.
Alors aujourd’hui à 23 ans, avec un métier d’avenir, qui peut te faire suffisamment d’argent pour économiser chaque mois, je te dirais que tu es bien parti.
Etant un adepte des chiffres, faisons un calcul rapide :
Si tu gagnes 3000 euros net par mois, sachant que l’on vit confortablement avec 2000 euros par mois, tu peux mettre 1000 euros de côté par mois.
Cela signifie que tu mets 12 000 euros de côté par an.
Sur 5 ans, à ce rythme, tu seras à 60 000 euros.
A ce moment, tu pourras placer ton argent, presque sans risque, sur des SCPI qui te rapporteront autour de 4,5%, voir 5% si tu prends un petit risque.
Ainsi à 28 ans, tu généreras 3000 euros net de revenus passif annuel, soit 250 euros par mois et environ autant si tu es malin au moment de placer ton argent.
Tu pourras alors économiser plus par mois et faire l’effet boule de neige, du titre de la biographie de Warren Buffet, le plus célèbre investisseur au 20 ème siècle.
On peut imaginer que si tu es entreprenant, qu’à un moment, tu ouvres ton propre cabinet, que tu fasses travailler d’autres kinésithérapeutes….
On peut imaginer beaucoup de choses qui fait qu’aujourd’hui, tu es dans une position où il est possible que tu puisses un jour devenir indépendant financièrement.
Maintenant, je me permets de te poser une autre question :
A quoi cela sert d’être indépendant financièrement ?
Je comprends que cela soit un but lorsque l’on fait un travail qui ne nous plaît pas, où l’on se sent inutile, où l’on n’a pas l’impression de contribuer au bien commun, d’essayer de s’en détacher un maximum pour faire autre chose.
Mais si on fait ce que l’on aime, quel est l’intérêt ?
Je suis bien placé pour t’en parler parce que c’est mon cas.
Je pourrais dire stop demain, tout arrêter et partir sur une île déserte mais ce n’est pas ce que j’aime. Je m’ennuierais vite (en moins de 5 minutes).
Souvent, je remarque que de nombreuses personnes fantasment littéralement de l’indépendance financière, du désir d’être riche.
Ce fût mon cas. Je croyais que si j’étais riche, cela sera le bonheur mais la réalité, c’est que le jour où j’ai commencé à gagner beaucoup d’argent, où j’ai eu assez pour m’arrêter, je me suis rendu compte que j’aimais ce que je faisais et que pour rien au monde, je ne changerais ma vie actuelle.
Parce que le bonheur à mes yeux, il n’est pas dans les possessions, il est dans le fait de vivre simplement et de se rappeler que l’on est un tout, ensemble.
Je ne vais pas encore citer Albert Jacquard mais il avait raison.
Et je crois bien que si on donnait la possibilité à chacun de réaliser ses rêves les plus fous, il se rendrait compte qu’il n’y a pas besoin d’être riche ou indépendant financièrement pour les réaliser.
Qu’en fait, ils sont déjà accessibles.
Je ne crois pas que le bonheur soit dans l’accumulation donc, même si ça fait toujours plaisir de gagner, de voir des zéro s’accumuler chaque mois.
En ce sens, cela ne doit pas être un but.
Le but, ca doit être de trouver le sens ou les sens de sa vie et alors on deviendra bon dans son domaine et « tout » ou presque viendra.
Enfin, sur ce que je conseille pour apprendre à investir ? Lis ce site, ca devrait t’aider.
Et comme dans n’importe quel domaine, n’aies pas peur devant la quantité d’information.
On débute tous un jour et si vraiment, le sujet t’intéresse, alors tu ne verras pas les heures défiler avant de devenir « un expert ».
Voici donc ma réponse Jacques,
En espérant qu’elle t’ait aidée à y voir plus clair.
Rudy
PS : Si ce Leadercast vous a plu, merci d’avance de votre soutien.