Hier, on m’a demandé comment je faisais pour gérer la frustration que je ressens quand à l’impossibilité de faire exactement ce que je souhaiterais faire, notamment avec mes genoux actuellement.
Mais la vérité, c’est que j’ai toujours été frustré.
J’ai grandi, comme beaucoup d’enfants, en pensant que je pourrais tout faire, que je n’avais aucune limite.
J’ai commencé l’athlétisme en me prenant pour Michael Johnson jusqu’à tant que je me déchire un mollet à 10 ou 11 ans.
Je me prenais pour Wilson Kipketer jusqu’à tant que des enthésopathies aux ischio-jambiers m’empêchent d’accélérer et que l’on m’explique qu’il n’y avait rien à faire (C’était il y a plus de 20 ans, aujourd’hui, je saurais quoi faire).
Devant mes progrès « rapides » en force au développé couché, je me voyais devenir champion du monde jusqu’à tant qu’une autre blessure m’arrête en pleine ascension (J’en rajoute un peu car l’ascension était lente).
Avec la musculation, je pensais devenir champion du monde en suivant les traces de Jean Luc Favre puis devenir Mr Olympia.
Mais évidemment, rien de tout cela ne s’est passé.
Mon corps m’a souvent dit non alors que ma tête disait oui.
C’est ainsi que j’ai développé et que je développe mes connaissances depuis toujours.
Je rencontre un problème et j’essaie de le résoudre.
Je sais que je ne sais rien, que je ne suis pas assez compétent alors je pars à la recherche de réponses en me rapprochant de ceux et celles qui ont le savoir.
Et je creuse, je creuse jusqu’à tant que je trouve.
C’est une quête sans fin car la vie, c’est avoir des problèmes.
Si nous n’avions aucun problème, nous serions tous moines bouddhistes, passant nos journées à contempler le monde qui nous entoure.
Enfant, je croyais que tout était possible, que le monde était juste.
Mais il n’est pas juste.
Il est rempli d’injustice de partout.
Ce n’est que magouilles et compagnies, que réseautage, quelque soit le domaine.
Dans la vie, il n’y a que deux façons d’avoir du « Pouvoir » : L’argent et le réseau que l’on se construit, ce qui va souvent de pair.
Peu importe que vous ayez raison, vous ne luttez jamais à armes égales.
« Liberté, Egalité, Fraternité » qu’ils disaient quand tout est fait pour nous emprisonner et réduire nos possibilités de plus en plus, avec des lois que personne ne maîtrise.
L’égalité quand déjà, nous ne naissons pas avec les mêmes cartes.
A la rigueur, on pourrait parler d’équité mais ce n’est qu’un énième bobard.
Où voyez-vous des personnes traitées d’égales à égales dans les institutions ?
Il y a des castes et rares sont les transclasses. Au mieux, ce sont des exceptions !
Quant à la fraternité ? Tout est fait pour nous monter contre les autres.
On catégorise le voisin parce qu’il est bronzé en lui inventant des comportements néfastes à la société.
Au lieu de se concentrer sur nos ressemblances, on nous pousse à nous concentrer sur nos différences pour nous isoler au lieu de fraterniser.
On a nous appris à croire en la méritocratie quand on peut travailler autant que faire se peut, quand si on n’a pas le petit coup de pouce du destin, on ne méritera rien du tout.
On nous a inculqué des histoires auxquelles se raccrocher, auxquelles croire.
Mais tout n’est que mensonges.
C’est pour cela que la frustration ne me dérange pas plus que cela.
Que je n’en fais pas toute une histoire si je ne peux pas faire ce que je veux.
Car je n’ai jamais pu le faire.
Quoi que vous tentiez de faire, il y aura des obstacles.
Des gens qui vous critiqueront, qui seront contents que vous n’y arriviez pas.
Mais il y aura aussi du soutien d’autres personnes.
La vérité, c’est que c’est la frustration qui met en mouvement, qui pousse à agir.
La vérité, c’est que c’est parce que nous y arrivons pas, que ce n’est pas comme ce que l’on nous a vendu, que nous évoluons.
Que ce sont les problèmes que nous rencontrons qui deviennent nos causes.
Mais ce sont aussi les échecs que nous rencontrons qui nous poussent à nous remettre en question.
A ne pas accepter le Statu Quo, même si parfois, c’est perdu d’avance.
Nous n’arrivons pas à accepter que cela ne soit pas juste.
Parce qu’on nous a fait croire que le monde était juste alors il doit forcément l’être.
« Si je fais ci, j’aurais ca » ; ce n’est pas possible autrement.
Les échecs, l’injustice, le mensonge sont obligatoires dans cette société, car sans, rien ne peut se mettre en mouvement.
C’est parce que rien ne se passe comme je l’imaginais depuis toujours que je sais gérer la frustration.
Que je sais différer mes plaisirs sans que je n’ai eu besoin de l’apprendre de qui que ce soit, de l’intégrer.
On dit que tout se joue avant 6 ans (parfois 3 ans selon les sources) alors j’ai du avoir un coup de chance !
Que cela m’a fait sourire la première fois que j’ai lu le livre « Influence et Manipulation » de Robert Cialdini au sujet de la frustration différée et de ce que cela impliquait en terme de « réussite ».
Car celui ou celle qui ne sait être frustré et différé son plaisir ne peut pas réussir sa vie, ne peut pas être heureux.
Il succomberait à tous les « plaisirs » de celle-ci à la moindre frustration.
Il ne pourrait pas voir plus loin que le bout de son nez, faire des projets, persévérer car il serait « comblé » en permanence.
Il ne saurait pas dire non, s’inhiber et réagirait à tout sans se laisser de répit.
Il serait tel un drogué en manque de drogue, incapable de vivre sans.
J’aimerais que ce que je décris soit de l’exagération mais c’est la vie de la majorité.
Parce qu’on ne leur pas a dit « qu’avoir envie de » ne signifiait pas forcément devoir répondre à cette envie.
Il parait qu’il faut se faire plaisir quand c’est une injonction à devenir idiot si c’est en tout temps comme je l’expliquais dans cet article LeaderCast.
Ce n’est pas parce qu’on a faim qu’il faut manger.
Ce n’est pas parce qu’on a envie de faire un maxi en musculation qu’il faut faire un maxi.
Si l’on n’est pas capable de se retenir, on ira nul part.
Alors je vis bien la frustration, parce que j’y suis habitué mais aussi parce qu’elle me permet de me mettre en mouvement, c’est à dire de vivre.
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