Actuellement, je me retrouve confronté à une sorte de problème.
Je dis « sorte » car j’estime que rien n’est véritablement un problème et que ce qui m’arrive est bien minime en comparaison des « vrais » et « graves » problèmes que certains peuvent rencontrer dans la vie.
En effet, au moment où j’écris ces lignes, nous sommes le lendemain de la clôture du tournoi SuperPhysique de Squat avant et de Rameur que j’ai organisé via mon site www.ClubSuperPhysique.org et à l’heure du jugement, je me rends compte d’un problème.
Celui-ci n’est pas dans l’élaboration des règles ou dans l’énoncé de celles-ci.
Elles sont claires et précises, bien que certains puissent chipoter par mauvaises fois et par ego mal utilisé.
Il est plutôt dans l’application de celles-ci.
Si vous me connaissez un tant soit peu, notamment si vous m’écoutez depuis un moment, vous savez que j’ai à coeur d’encourager chacun à évoluer.
En fonction des individus et de mon intelligence émotionnelle du moment qui varie suivant les heures, les jours, de ce qu’il se passe, mon discours s’adapte mais mon but est toujours le même : Encourager chacun à atteindre ses objectifs, à faire mieux.
Je ne souhaite surtout pas briser un rêve ou décourager.
Je ne souhaite pas faire abandonner certains.
Je souhaite pousser à continuer, à s’élever.
C’est en ce sens que j’ai écrit mon livre « The Leader Project » afin de donner mon plan pour atteindre la « réussite ».
Et pourtant, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir peut être été dans le mauvais sens.
Récemment, une de mes élèves, Sandrine, qui commente régulièrement mes articles, m’a offert un livre : « S’affirmer et oser dire non »
Je l’ai à peine commencer mais le titre me fait réfléchir.
Parce qu’il m’est difficile, sur le site du Club SuperPhysique, de refuser des performances psychologiquement à moins que la vidéo postée soit vraiment trop éloignée des règles d’exécutions.
Mais si celle-ci est tendancieuse, j’aurais tendance à l’accepter parce que je pars du principe que la personne a fait du mieux qu’elle pouvait.
Plus la personne débute et plus j’aurais tendance à être laxiste, constatant de plus en plus, ô combien peu de personnes persévèrent de nos jours dans une activité et arrêtent à la moindre contrariété.
Au moment de valider des vidéos pour le tournoi qui vient de se finir, j’ai choisi de passer la main, de donner le pouvoir à autrui de juger les performances sur le site.
Parce que je n’arrive plus à être « suffisamment » dur comme j’ai pu l’être par le passé.
Je vous parle régulièrement d’affirmation de soi, de prendre les choses en main, d’agir avec raison.
Mais avec le Club SuperPhysique, je n’y arrive pas parce que c’est comme mon « bébé ».
Il est né d’une constatation très simple, notamment quand j’ai déménagé sur Annecy en 2012, que l’esprit Club de sport n’existait pas dans la ville et ses alentours en musculation.
Il y avait des salles, mais commerciales, où personne ne se parlait, où il n’y avait aucune ambiance.
Cela m’a fait drôle car je venais d’une salle où tout le monde se saluait, où c’était obligatoire, où tout le monde se connaissait, s’encourageait ou presque.
Et là, c’était le néant.
Alors j’ai créé le Club SuperPhysique pour répondre à un besoin que j’avais, celui d’avoir un Club, de ne pas être seul à faire mon truc dans mon coin, mais de progresser ensemble comme je l’avais toujours fait, conscient qu’on est le reflet de son entourage et de son environnement.
Progressivement, à la salle où je m’entraînais, les langues ont commencé à se délier et nous avons fini à une petite quinzaine à nous entraîner tous les jours à 11 heures, chacun ayant son t-shirt SuperPhysique.
Mais cela ne plaisait pas, dérangeait d’où deux ans après, la création de ma salle « Le SuperPhysique Gym ».
Au fur et à mesure, les règles du Club SuperPhysique se sont structurées, ont évolué pour en arriver à ce qu’elles sont aujourd’hui.
Toutefois, une chose n’a pas changé, c’est ma difficulté à dire non, à ne pas faire respecter les règles parfaitement.
Je n’ai jamais aimé les règles mais ça, vous le savez déjà.
Pour cela, nous avons, avec l’aide de certains membres, préciser au maximum celles-ci pour qu’il y ait le moins d’ambiguïté possible et que chacun fasse preuve d’objectivité quant à ses exécutions.
J’ai choisi, comme à chaque fois, de croire en chacun, de donner la possibilité à chacun de se juger avec partialité mais c’est oublié qu’il faut avoir un certain recul sur sa pratique du point de vue émotionnel.
Il faut avoir un certain détachement qui n’est possible que lorsque l’on ne voit la compétition, entre guillemet, que par rapport à soi-même et que la comparaison n’existe que pour se motiver à faire mieux ensemble.
Je sais que personne ne triche consciemment sur le Club SuperPhysique mais inconsciemment, nous sommes le reflet des histoires que nous nous racontons.
Je le sais car je me suis souvent « baratiné » au sujet de certaines de mes performances qui n’étaient pas « bonnes » du point de vue technique avec le recul que j’ai aujourd’hui.
Mais étant dedans, vraiment dedans avec un ego mal utilisé, j’aurais bondi tel un lion enragé si on m’avait dit que mes performances n’étaient pas valides.
C’est aussi pour que cela que la compétition existe, pour fixer un cadre avec des règles identiques pour tous et si on choisit de s’y confronter, alors il faut les respecter et ne pas se mentir pour son propre bien.
Au fil des années, j’ai vu grandir de nombreuses personnes sur les Forums SuperPhysique depuis 2009. Certains sont devenus des amis, certains sont là depuis des années et des années.
Et j’éprouve des difficultés à dire « non, ce n’est pas bon » même en prenant des pincettes.
J’ai l’impression de jouer le rôle du méchant, du briseur de rêve alors que je vais à l’encontre, en fait, du but recherché, si effectivement, la vidéo postée n’est pas « bonne ».
Au lieu de tirer vers le haut, je nivelle vers le bas.
Au lieu de jouer mon rôle que je joue parfaitement auprès de mes élèves parce qu’en même temps, ils me représentent par notre collaboration, les mouvements qu’ils font ainsi que leurs résultats, je joue une mauvaise partition.
Plutôt que de dire « Non, ce n’est pas bien », je dis « Ca passe mais sois plus stricte la prochaine fois ».
J’encourage la médiocrité au lieu d’encourager la progression.
Plutôt que de faire mieux ensemble, nous faisons moins bien ensemble.
Cette situation ne peut plus durer et comme ce n’est pas moi, j’ai décidé de déléguer l’arbitrage, de m’entourer là dessus parce que je ne saurais pas faire.
Parce que je ne peux pas être aux manettes de tout. Il y a des choses dans lesquelles on est doué et d’autres pour lesquelles on n’est pas doué.
Il faut l’accepter et ne pas hésiter à s’entourer pour gérer cela.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je me suis toujours associé dans mes projets car j’ai « toujours » fui le conflit, l’ayant trop vécu auparavant et ayant du trop l’affronter.
Je n’ai pas envie de m’énerver parce que je sais alors que je deviens incontrôlable.
Je ne sais pas être gris, je suis soit blanc, soit noir et j’essaie pas tous les moyens d’être aussi blanc que possible, de contrôler mes « pulsions » (Petite dédicace à Théo) et de ne jamais vriller.
J’ai appris à me contrôler avec le temps mais je suis quelqu’un de très nerveux à la base, tout comme mon frère et mon père.
C’est sans doute grâce à ma mère et ses excès de colère répétés pour « rien » que nous avons tous appris à refréner notre colère et à fuir le « conflit » désormais.
Malgré tout, plusieurs fois par le passé, au fil des années, après avoir refusé des performances sur le Club SuperPhysique, j’ai du batailler avec les concernés pour leur dire de prendre du recul et de bien comprendre que cela n’était pas contre eux, mais pour eux.
Cela a parfois dégénéré sur les réseaux sociaux et l’adage qui dit toute publicité est bonne à prendre n’est pas du tout vraie selon moi, surtout quand cela génère de la frustration à laquelle il est impossible de répondre et est selon moi, injustifiée.
Comme aujourd’hui, beaucoup ont tendance à ne pas faire preuve d’intelligence et à juger à la première impression sans véritablement s’intéresser à l’histoire, sans en avoir toutes les cartes, j’évite autant que possible les conflits puisque le premier qui parle a « raison » et que cela fait plus de mal que de bien à des projets que j’estime positifs, en accord avec mes valeurs.
Cela a du me laisser des traces parce qu’aujourd’hui, je manque de fermeté au sujet du Club.
Je préfère que l’on soit en petit comité, bonne ambiance plutôt que de « rameuter » un maximum de personnes et de pousser au développement de ce projet.
Je préfère miser sur la qualité et surtout sur des valeurs communes plutôt que sur ce qui ne me corresponds pas.
Je sais, pour avoir lu « Manager votre Tribu » que la taille moyenne d’un groupe avant que celui-ci ne se divise est d’environ 150 personnes et comme je cherche avant tout des échanges humains, je n’ai pas intérêt psychologiquement à pousser pour avoir le maximum de monde.
J’aimerais que les participants échangent plus, que nous communiquions plus, que nous nous entraidions encore plus et je réfléchis chaque jour à comment rendre cela possible malgré les distances et le manque de temps.
Je préfère ainsi que nous soyons moins que trop.
Pourtant, cela n’empêche pas les « conflits » au sujet de l’application du règlement lorsque je valide une performance qui est litigieuse vis à vis de ceux qui participent.
Parce que, peut être, qu’étant arrivé au « bout » ou presque depuis un moment, à un « haut niveau », pour moi, l’important n’est pas de gagner mais de retrouver mes amis, mes potes chaque année, de se tirer la bourre les uns contre les autres mais surtout les uns avec les autres.
C’est plus la rencontre que la compétition qui me motive.
Je suis plus coach que compétiteur ou athlète aujourd’hui.
J’éprouve autant de plaisir si ce n’est plus à voir chacun se dépasser, à battre ses records qu’à battre les « miens ». Je l’ai tellement fait.
Je préfère aujourd’hui la victoire collective qu’individuelle.
Peut être que je prends cela trop à la légère après 18 ans d’entraînement et je le conçois très bien.
C’est nous qui choisissons ce qui nous importe et ce n’est pas à personne de décider à notre place.
Que je gagne ou que je perde, je suis gagnant dans les deux cas et si je gagne au sens stricte du terme, ce n’est qu’un moyen de motiver mes « adversaires » qui n’en sont pas vraiment.
Mais pour ceux qui sont en pleine bourre et qui prennent cela plus au sérieux que moi, je comprends que la non-application parfaite des règles soient un problème.
C’est pourquoi je passe la main à ce sujet, parce que je ne suis pas / plus fait pour juger les autrui.
J’ai l’impression qu’en disant « non », c’est négatif même si ce n’est pas le cas.
Aujourd’hui, j’ai envie de cultiver au maximum le positif de manière directe.
Je vois ce monde autour de moi qui part dans tous les sens et je ne peux approuver alors j’essaies de faire ma part, d’abord pour moi-même et pour ceux qui m’entourent.
Parce qu’on peut faire mieux ensemble mais ensemble signifie à plusieurs et pas seul.
C’est pourquoi, j’ai choisi de m’entourer pour le Club et que l’année prochaine, je déléguerais tout le site au complet, n’ayant plus la flamme compétitrice que j’avais encore il y a quelques années.
Il y aura sans doute des changements qui seront faits qui ne me correspondront pas et alors il est possible que je ne participe pas.
Mais cela sera plus rigoureux et correspondra mieux à ceux qui sont « à fond », ce qui est avant tout le but premier du Club SuperPhysique.
Je garderais toutefois un œil pour que cela soit toujours en accord avec les 10 commandements de SuperPhysique (Cf ce LeaderCast).
Mon erreur aura été de vouloir adapter le Club à moi, de vouloir changer sa définition, son but premier parce que j’y étais trop attaché émotionnellement.
Ainsi, j’ai « perdu » du monde. Est-ce bien, est-ce mal ? C’est un autre débat dont nous reparlerons peut être.
Tout cela pour conclure sur plusieurs points :
1 – Savoir dire « non » est primordial. Ne pas le dire, c’est ne pas s’affirmer, ne pas se respecter, se sacrifier. Dans mon exemple, c’est même aller à l’encontre du bonheur (collectif) à terme, du but recherché. C’est manquer de « respect » !
2 – Il ne faut pas avoir peur de déléguer et/de transmettre le flambeau lorsque celui-ci brûle moins. Nous ne sommes pas figés dans un moule pour la vie. Nous ne pouvons pas être « bon » dans tout, tout le temps. Un projet comme celui du Club SuperPhysique n’a pas vocation à changer de « cible » (Cf le chapitre à ce sujet dans mon livre) sinon on « perd » tout le monde ou presque à la fin.
3 – Découlant du « 2 », il faut être conscient que l’on évolue et accepter cette évolution. Elle n’est ni bien, ni mal. Elle est.
Alors la prochaine fois que quelqu’un vous dit « non », ne le prenez pas personnellement.
Comme le dit d’ailleurs Miguel Ruiz dans son Best-Seller « Les quatre accords Toltèques » : Ne prenez rien personnellement.
Non, ce n’est qu’un mot qui doit permettre de se remettre en question et de trouver une solution.
Rien de plus.
Rudy