Qu’est ce que je pense de l’IA ?

Hier, Florian m’a envoyé un email pour me demander ce que j’en pensais car je ne m’étais pas encore exprimé sur le sujet.

Si vous me connaissez un peu via mes différents articles et podcasts, vous connaissez déjà mon avis et je vais donc l’argumenter.

J’ai cette sensation que depuis que je suis né, tout a été fait pour nous faciliter la vie.

Je ne peux nier que l’être humain soit programmé (en partie) pour rechercher le confort, pour minimiser ses efforts en vue d’un résultat.

Je viens d’une époque où on écrivait à la main, où on s’envoyait des lettres, où on regardait sur une carte pour se diriger quand on partait de chez soi, où on apprenait à compter avec sa tête, où quand on ne savait pas quelque chose, on allait à la bibliothèque et on faisait un effort de recherches en lisant des livres, en prenant des notes…

Il y avait, en quelques sortes, une valeur de l’effort, même si on en a pas toujours le résultat escompté.

L’ordinateur est apparu avec ses multiples moteurs de recherches et il n’y a plus eu besoin de se déplacer.

Le GPS est arrivé et nous avons perdu notre sens de l’orientation, notre capacité à lire des cartes et mêmes des panneaux.

Le téléphone portable est arrivé et toute la « connaissance » s’est exportée des livres et notre cerveau à ce premier.

…

Depuis que je suis en mesure d’analyser le monde qui m’entoure, tout est fait pour que j’en fasse le moins possible par moi-même, pour que je perde petit à petit ce qui fait de moi un être humain.

Aujourd’hui, avec les différents logiciels d’IA, certains n’ont même plus besoin d’écrire des articles.

Déjà qu’il y avait les fameux rédacteurs web qui écrivaient (et écrivent toujours) sur tous les sujets des beaux articles inutiles et vides d’intérêts afin de perdre celui qui cherche réellement des réponses, aujourd’hui, on peut programmer l’écriture d’article avec différents styles via l’IA…

Ils peuvent même créer un site de A à Z comme si avec les CMS actuels qui avec 2 jours de boulot permettent déjà de le faire, ce n’était pas assez rapide, pas assez facile.

Certains et certaines s’en extasient dans divers podcasts technologiques… Un scandale à mes yeux !

Force est de constater que toutes « ces améliorations » nous rendent de plus en plus bêtes.

Mes nombreux élèves professeurs et mon expérience individuelle d’enseignant pour adultes me démontrent chaque année un niveau de plus en plus bas en terme de connaissance, d’état d’esprit, de ressources, d’humanités.

Je ne peux donc pas être pour l’assistanat toujours plus poussé, pour la perte de nos capacités à réfléchir, à avoir des idées, à créer.

On me dit que l’IA aide à avoir des idées… Mais ce ne sont pas les idées qui manquent à qui que ce soit. Si c’est le cas, lisez ma Formation Gratuite et vous allez en avoir trop !

On me dit que l’IA fait gagner du temps… Ce n’est pas le temps qui manque. C’est de faire des choix, de mettre en place des priorités.

On me dit que l’IA aide à gagner plus d’argent… Ce n’est pas l’argent le problème. C’est la manière dont la plupart le dépensent dans l’inutilité, contribuant en plus à polluer le monde.

Nous perdons de vu ce qui nous importe au profit d’une compétition qui n’est pas la nôtre.

Il ne s’agit pas de faire plus, de faire mieux, plus facilement, plus rapidement.

A l’instar des médicaments pour maigrir ou des jeux à gratter, cela n’a aucun intérêt à mes yeux d’avoir un résultat sans avoir fait des efforts derrières.

Avoir un SuperPhysique sans avoir les efforts pour n’a aucun intérêt, aucun sens.

Aussi banal que celui puisse encore paraître, c’est le chemin qui compte, c’est ce que l’on apprend.

C’est cette capacité à apprendre, à faire, à se « dépasser » qui nous accomplit en tant qu’humain, que nous épanouit.

Nous n’avons pas besoin d’en faire plus, toujours plus (J’en parle d’ailleurs longuement dans mon dernier livre « The Life »).

Nous n’avons pas besoin de jouer le jeu des super capitalistes qui souhaitent, comme si c’était volontaire (c’est à se le demander), de nous rendre encore moins aptes à quoi que ce soit.

La majorité d’entre nous devons faire des efforts pour résister et continuer à apprendre, à être capable d’apprendre.

Pour ne pas être pris dans le jeu de la technologie, de la data à outrance, des drogues dures telles que les notifications, à regarder ce que fait monsieur patate avec son « buzzcut » ridicule et pathétique.

Car au final, ce qui nous rend heureux, épanoui, ce n’est encore une fois pas d’avoir mais d’être.

Combien de personnes ont l’air malheureuses alors qu’elles possèdent tout quand d’autres qui ne possèdent rien ont toujours le sourire aux lèvres ?

On se trompe complètement et tout est fait pour nous rendre encore plus bêtes afin sans doute de nous manipuler encore plus.

Si l’on n’est plus capable de réfléchir par soi-même, comment pouvoir faire des choix en connaissance de cause ? Comment remettre en question ce que l’on nous demande ?

Comment ne pas obéir comme de bons moutons ?

A l’instar des jeunes élèves qui ne savent plus lire ni compter quand ils entrent en sixième, à l’instar de nos parents qui ne savent plus se diriger sans un GPS désormais, à l’instar de nous même qui n’avons plus rien dans le ciboulot…

Il nous faut arrêter de chercher à nous faciliter la vie car là n’est pas la solution.

On pourra toujours me dire que l’IA fait de plus beau graphisme qu’un graphiste mais qu’est ce qu’on s’en fout ? Même si je doute que ce soit vrai.

Ce que j’aime, c’est l’imperfection humaine. Je veux que ca sente le vrai, la vie, l’expérience, la « vérité ».

Je ne veux pas d’un monde encore plus faux qu’il ne l’est avec de la fausse bienveillance, des faux semblants, des écrits pathétiques, des vidéos mensongères et des publications mythomanes, des sites irréels.

Tous ces progrès sont à notre détriment et il serait temps que l’on en prenne conscience collectivement, que l’on soit plus fort que cela.

Sinon, comment cela finira-t-il à votre avis ?

PS : C’est une vraie question !