Vous ne le savez peut être pas mais chaque semaine ou presque, je vais au cinéma.
Ainsi, je vois de nombreux films et des tendances qui se dessinent progressivement.
Alors qu’auparavant, sans vouloir jouer la carte du vieux « con », nous assistions à des films vraiment très scénarisés, avec de vraies histoires, je dois bien avouer que cela se fait de plus en plus rare.
A tel point que ceux qui me côtoient chaque semaine ne me demandent plus si le film que j’ai vu était bien mais s’il était vraiment « mauvais », parce que cela est devenu ma « norme ».
Ce n’est sans doute pas une surprise, si vous me lisez ou m’écoutez depuis un moment, que les contenus que nous regardons influencent fortement notre manière d’envisager le monde, de nous comporter, de ce que nous pouvons en attendre.
Cela détermine notre culture.
Si on regarde des « navets » sans faire preuve d’aucun discernement (Cf l’article « Le plus beau des perroquets« ), je parlerais même d’endoctrinement.
On croît que ce que l’on voit dans les films, séries, à la télévision, dans n’importe quel contenu est la vie, la vraie et que cela doit se passer ainsi.
Quelle surprise alors de constater que la majorité va dans le mauvais sens et la société avec.
A croire que l’on vit dans un film avec un scénario pré-programmé et tout va se passer comme prévu parce que c’est écrit.
On se dit même que si cela ne se passe pas comme dans le film, c’est qu’il y a un problème.
Que faire si rien ne se passe ? Si on ne se découvre pas de super pouvoir ? Si une princesse (ou un prince) ne vient pas sonner à notre porte pour nous sortir de notre petite vie « monotone » ?
Combien de temps doit-on attendre pour qu’il se passe quelque chose ?
Devons-nous jouer le rôle, le script que l’on a écrit pour nous, en attendant ?
Parce que forcément, il va se passer quelque chose. Vous n’allez quand même pas me dire que l’on nous prend pour des idiots dans tous ces films ou presque ?
Pourtant, ce que je vous décris est ce qu’il se passe à grande échelle, pas seulement qu’au cinéma.
Regardez les réseaux sociaux, on y partage que les « moments forts » (si on peut parler de moments forts pour certains…), les « meilleurs » moments de ses journées.
A tel point qu’on en oublie que cela ne représente qu’une minuscule fraction de la journée de la personne-dite.
Qu’une photo, c’est dix secondes pour être prise, dix minutes de retouches pour les professionnels de Photoshop et que le texte qui va avec, qui n’est pas du contenu, de la valeur ajoutée, prend tout au plus cinq minutes.
Que se passe-t-il donc les 23h45 restantes ? Mystère !
Peut être bien la vraie vie, non ?
Je me permets de vous narrer une histoire « marrante » (à l’appréciation ») afin d’illustrer les dérives de ce système.
Comme tout le monde, j’imagine, j’ai eu des rendez-vous « galants ».
Et parfois, sans doute, par un casting peu judicieux (je l’avoue), je me suis retrouvé à avoir des discussions improbables qui m’ont conforté à continuer ce travail que j’entreprends avec LeaderCast (Au fait, merci aux 59 Patreotes qui soutiennent ce travail sans rien attendre en retour), de démystification.
Je me souviens d’une fois au stage d’été (Ceux qui me comprendront cette référence auront mon éternelle admiration) qu’une fille qui m’a dit que son rêve était d’avoir une Audi R8.
M’étant fortement intéressé aux voitures dans une galaxie très très lointaine, je connais bien cette voiture. J’en rêvais aussi plus jeune.
Je me disais qu’un jour, quand j’aurais les moyens (Et non pas « Si j’ai les moyens un jour », la nuance est importante), je m’achèterais cette voiture qui ressemble à une Batmobile et qui est la voiture d’Ironman aussi.
Mais ca, c’était avant.
En discutant donc, je lui dis que l’on peut en trouver autour de 50 à 60 000 euros d’occasion avec presque 10 ans d’ancienneté (Les puristes me pardonneront, cela fait longtemps que je n’ai pas creusé le sujet, cela a peut être changé).
Et là, stupéfaction dans l’assistance, elle ne savait pas combien cette voiture coûtait. Je lui explique alors que neuve, toutes options, on parle de presque 150 000 euros.
Autant dire, comment en moins de cinq minutes j’ai brisé le rêve de quelqu’un.
Le pire, peut être là dedans, c’est qu’à la question « Pourquoi veux-tu cette voiture ? », il n’y a pas eu d’autres réponses que « Parce qu’elle me plaît ».
Oserais-je donc rappeler qu’il y a une distinction fondamentale à faire entre le plaisir et le bonheur, l’un étant surtout matériel, solitaire, de courtes durées et addictifs (on en veut toujours plus) tandis que l’autre est partagé, de longue durée, épanouissant, reposant.
Que l’on peut afficher ses « plaisirs » mais que le bonheur lui se vit, une nuance importante, vous en conviendrez.
Un autre exemple que j’apprécie particulièrement est la facilité avec laquelle on peut aujourd’hui se procurer les vêtements des athlètes professionnels.
En 1996, quand je voyais Michael Johnson battre le record du 200 à Atlanta en 19 secondes et 32 centièmes, je rêvais d’avoir sa tenue et surtout de la mériter.
Dans ma tête, c’était « Voici ce qu’il fallait faire pour avoir le droit de la porter ».
On ne l’achetait pas, on se la faisait remettre parce que l’on avait fait ce qu’il fallait pour.
Aujourd’hui, on achète la tenue avant même de faire.
Certains sont équipés de la tête aux pieds, parfois pour plusieurs centaines d’euros des équipements derniers cris pour courir à 8 km/h.
Où on oublie qu’avant de paraître, il faut être.
Qu’avant de parler de soi, de ce que l’on fait, il faut avoir quelque chose d’intéressant à partager, qui élève, qui contribue au bonheur commun et pas seulement à son plaisir personnel ? (Pardon pour la digression, c’était trop tentant).
C’est vers un scénario pré-conçu, de plus en plus abrutissant et transmis de plus en plus facilement grâce aux divers médias que la plupart d’entre-nous vivons notre vie.
« Nous portons tellement de masques différents qu’il vient un moment où nous ne savons plus lequel est le vrai ».
Cette citation est tellement vraie.
Qui êtes-vous réellement ?
Posez-vous des questions. Qu’attendez-vous de la vie ? Qu’attendez-vous tout simplement ?
Vous croyez tout ce que l’on vous raconte ? Vous avez envie d’y croire ? Parce que c’est rassurant, confortable, que c’est facile ?
Très bien, vous pouvez continuer à porter un masque, à jouer les rôles que l’on attend de vous, parce qu’il ne faudrait pas déranger tout de même.
Il ne faudrait pas être soi-même et ne pas plaire à tout le monde.
Mieux vaut ne rien faire, rester petit dans son coin et ne pas faire de bruit.
Il faudrait être fou pour se rebeller et revendiquer son identité.
Pourtant, c’est la seule façon de vraiment vivre aujourd’hui, de vraiment réussir, d’entreprendre des projets et de les mener à terme.
Il y a quelques jours, j’ai réalisé une consultation avec Frédéric, un de mes anciens élèves en suivi-coaching, qui suit actuellement ma Formation SuperPhysique et qui est également Patreote concernant l’orientation de son entreprise.
Ses problématiques étaient simples : Que doit-il faire pour se développer ?
Il commença par me parla d’agence de communication à 2000 euros par mois, il me parla de rédiger des articles de plusieurs milliers de mots pour mieux référencer son site (alors qu’il propose des formations en présentielles), d’utiliser les réseaux sociaux pour se faire connaître…
Pour remettre les choses dans leurs contextes, son métier consiste à proposer à des entreprises des formations sur le management, la collaboration, le leadership. Il a monté une équipe de formateurs afin de cibler divers problématiques et envisage d’être un « centre » de formation à terme.
Il a aujourd’hui une bonne année d’existence à son compte après avoir travaillé dans ce secteur en tant que formateur et salarié pour une entreprise pendant quelques années.
Autant dire qu’il connait son secteur.
Pourtant, il était prêt à jouer sur le jeu des apparences, à rentrer dans un rôle qui n’avait rien à voir avec ce qu’il devait et doit faire.
C’est bien une « agence » de communication mais encore faut-il en avoir besoin.
Dans le cas de Fred, c’est inutile. Il a déjà des clients, travaille déjà et connait son milieu.
A-t-il besoin d’un site mieux référencé et de passer donc du temps à écrire des articles, lui qui n’a jamais vraiment écrit, à passer un temps monstre dessus. Cela va-t-il aujourd’hui l’aider à développer son entreprise ? Je n’y crois pas un instant.
Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, connaissant sa « cible », les personnes à qui il propose ses services, ces personne ne sont pas sur Internet à la recherche de Formation pour leurs entreprises.
Ces personnes, il les connaît déjà puisque qu’il les côtoie.
Pourquoi donc ne pas jouer la carte de l’humanité, plutôt que d’essayer de jouer les cartes que l’on attend de nous ?
Personnellement, et j’en suis convaincu, certes son site pourrait être refait plus clairement, être plus « simple » mais surtout ce qu’il doit faire, c’est nouer des relations, de bonnes relations avec les entreprises dans lesquelles il intervient pour, tout d’abord, intervenir de nouveau mais aussi se faire recommander, se faire « auditer » par ces mêmes personnes à d’autres entreprises.
Pourquoi chercher à porter le même masque que tout le monde, quand en plus, son travail est un travail humain ? (J’ai enregistré toute la consultation que je dois réécouter et que je mettrais peut être en ligne par la suite).
Nous avons peur d’être remplacé par des machines pour de nombreuses tâches que nous faisons aujourd’hui mais ce qui ne sera jamais remplacée, c’est notre humanité, c’est qui nous sommes.
C’est de réfléchir à qui on est en tant qu’individu unique.
Quelque soit le domaine, personne n’a envie d’être une doublure et ne doit l’être. Dans l’entreprenariat, si vous désirez existé, vous devez être remarquable, pas une copie. Il n’y a aucune autre façon d’exister.
C’est peut être parce que nous pensons que la société attend quelque chose de nous que nous n’arrivons pas à être nous-même, de peur de décevoir.
Alors que nous ne devons rien à personne si c’est à nous-même. Que nos attentes doivent être les nôtres, qu’il n’y a pas de pression à avoir, à se mettre.
Un très bon film à ce sujet est « Celle que vous croyez » que je viens de voir (Enfin un bon film !) au cinéma qui démontre qu’en jouant le rôle ou les rôles que la société attend de nous, ca ne peut que mal finir, ne rien donner de bon.
J’ai envie de croire à la consistance, au fait d’être soi-même en toute circonstance, sans avoir à porter un masque de circonstance.
J’ai envie de croire que les secrets ne devraient pas exister, de croire dans un monde où l’on tournera sa langue sept fois dans sa bouche avant de juger qui que ce soit.
Un monde où certes, on ne plairait pas à tout le monde, où certains de nos comportement pourraient énerver certaines personnes mais où on accepterait les différences d’autrui, qu’on ferait preuve de discernement, de recul, d’empathie. Que l’on chercherait à comprendre d’où cela vient.
Un monde où l’on n’aurait pas peur d’être soi à chaque instant, sans que l’on nous en tienne rigueur. Où l’on pourrait s’énerver, rire, pleurer le tout en moins de trois minutes sans que cela ne change quoi que ce soit.
Mais peut être est-ce déjà le cas ? Et que nous nous imposons des limites parce que nous croyons qu’il y a des limites à ce que nous pouvons faire ou pas (Cf l’article « Nos vraies limites »).
Tout peut se résumer peut être par l’opposition qui existe entre agir et subir.
D’un côté, on peut se plaindre, se lamenter de ce qui nous arrive quand de l’autre, on peut agir.
On peut choisir de sourire et de ne pas faire la gueule.
On peut choisir, et on l’oublie souvent, d’être là, maintenant, tout de suite ou de ne pas être là, de partir. D’affronter ou de fuir.
D’être soi-même ou d’être un fantôme.
C’est pourquoi nous n’avons pas à rester dans des cases prédéfinies par je ne sais quels critères obscures, que nous n’avons pas à jouer un rôle qui ne nous convient pas.
Peut être qu’alors, la plus grande des réussites n’est autre que de se trouver soi-même et de ne jamais arrêter de chercher, de s’affirmer en tant qu’individu unique.
Certains l’ont fait, ont dérangé (fortement à priori) comme Bernard Tapie mais qui ne voudrait pas vivre une vie comme celle qu’il a eu et a encore ?
Une vie pleine de sens, une vie sans masque, une vie quoi.
J’aimerais vous citer un extrait d’un livre que je viens de finir pour conclure « Ce qui ne nous tue pas » :
« Je vais pas faire ici un appel pour que quiconque se lève, et sauve la planète ou change le cours de l’histoire humaine. Je vais, cependant, noter que nous avons tous une chance, ici et maintenant, de nous connecter au monde qui nous entoure. Si vous avez été emballé dans un cocon thermique toute votre vie, alors votre système nerveux ne demande qu’à sentir le froid. Tout ce que vous devez faire est de sortir de votre zone de confort et d’essayer quelque chose qui n’est pas votre ordinaire. Essayez de trouver du confort dans le froid. Vous n’avez rien à perdre. Respirez ».
Alors laissez tomber vos masques et jouez le rôle de votre vie.
Qui sait quel scénario vous écrirez ?
Rudy
Ps : Si cet article vous a aidé, merci de lire cette page.