Tout le monde veut être, agir comme un pro, moi le premier.
On veut s’entrainer comme les champions qui partagent les séances sur les réseaux sociaux.
On se dit que si eux y arrivent, pourquoi on n’y arriverait pas ?
Surtout dans cette société qui promeut le mensonge à tout va.
D’une part, si quelqu’un y arrive, pourquoi je n’y arriverais pas ?
Après tout, ce n’est qu’un humain.
Il a une tête, deux bras, deux jambes..
Or, un humain, ca ne se résume pas facilement, voir ca ne se résume pas du tout.
C’est une des raisons pour lesquelles je fais le HYBRID Podcast, pour découvrir les secrets des champions, qui ne sont pas leurs entrainements et leurs manières de s’alimenter.
C’est aussi ce qui m’a poussé, quand j’ai vu que je ne réagissais pas comme mes collègues sur les forums de musculation au début des années 2000, à progresser beaucoup plus doucement, à m’intéresser aux différences entre individus et qui m’a poussé à investiguer ce sujet notamment en démocratisant l’analyse morpho-anatomique.
J’ai rapidement compris que si quelqu’un y arrive, il n’y a aucune certitude que j’y arrive, car je ne suis pas lui.
Cela m’avait poussé à écrire un article courant 2010 sur mon site SuperPhysique consacré au potentiel pour prendre du muscle, montrant les inégalités qui existaient et existent.
D’autre part, si je veux, je peux car ce n’est qu’une question de travail.
Or, c’est exactement tout l’opposé.
Si je peux, je veux.
En ce sens, je n’ai aucune garantie que mes efforts paient. Les phrases à la con « Les efforts finissent toujours par payer » sont du vent, des phrases de motivation pour rigolo.
Les efforts, et encore, les bons efforts amènent des progrès mais jusqu’où ? Personne n’a la réponse.
Personne ne sait jusqu’où vous irez, ne peut prédire l’avenir.
Avec cet espoir de devenir champion, puisque tout le monde peut y arriver et que ce n’est qu’une histoire de volonté, j’assiste à des excès dans tous les sens.
De plus en plus de personnes me contactent avec des objectifs incompatibles avec une vie équilibrée, même si sa définition est propre à chacun.
Des gens prêts à se couper de tout, qui ne pratiquent que pour la performance quand ils n’ont aucune chance d’atteindre le plus haut niveau.
Qui adoptent des comportements de pro, de champions en délaissant les autres pans de leurs vies.
Qui sacrifient leurs vies sociales, leurs proches, leurs loisirs… Tout ce qu’il est possible de sacrifier pour un égocentrisme toujours plus important.
Ce qui compte, c’est de s’entrainer !
Depuis plus de 20 ans que je suis dans le milieu, j’assiste à une escalade du nombre d’entrainement, à un accroissement de leurs difficultés.
Quand s’entrainer 3 à 4 fois par semaine était considéré comme une bonne moyenne, aujourd’hui, ca ne suffit plus.
On culpabilise à être un sportif sédentaire.
Comme on souhaite être musclé, fort, endurant, explosif, rapide… Bref, la totale, on multiplie les séances.
On ne se contente plus de 3 ou 4 séances, on en fait le double, voir le triple.
On passe de 4 heures hebdomadaires à 12 heures, voir 15 heures si ce n’est plus parce qu’on s’est découvert une passion « Ultra » !
On veut faire de la musculation 4 fois par semaine, on veut courir 4 fois par semaine, on veut faire du Conditionning 3 fois par semaine, sans oublier de travailler sa mobilité, son renforcement conjonctif et son système respiratoire.
On veut tout faire en oubliant que c’est un rythme intenable.
Que si on voit des champions faire cela sur les réseaux, du moins le partager, c’est qu’ils sont des exceptions.
Ils ont le temps mais aussi l’énergie et les capacités pour qu’ils ont mis des décennies à développer, sans oublier le petit coup de pouce du destin, si on ne parle même pas de dopage.
Ils arrivent à tolérer et à récupérer de tout ces entrainements parce qu’ils ont de la chance, ont eu de la chance.
Bien sur, ce n’est pas un discours qui plait mais c’est la première règle de ce monde, qu’Emmanuel Faber partageait encore dans un récent podcast : La vie est injuste.
D’autant plus, que c’est une vision court termiste.
Aucun sportif de haut niveau ou pro, aucun sportif qui s’entraine 10 fois par semaine ne va vieillir en bon état.
Il suffit de voir comment vieillissent les sportifs de haut niveau : C’est un massacre !
Ce nombre de séance, cette intensité n’est que temporaire. Elle ne peut pas durer.
Certains en sentent rapidement les effets néfastes malgré la fameuse progressivité qui n’existe qu’à moitié comme j’en ai parlé dans le Guide Ultime du Renforcement musculaire.
La progressivité, c’est un coup de chance ou presque.
Dans un monde qui va vite, qui pousse à la vitesse, on en oublie de prendre du recul, de se demander pourquoi cet athlète fait ci, ca, comment c’est possible et surtout si cela peut être une voie pour moi.
Bien sur, si on gagne sa vie par ses performances, je comprends l’idée et je ferais sans doute pareil.
Je donnerais tout ce que j’ai pour réussir.
Je m’investirais corps et âme et certains / certaines diront, me connaissant, que c’est ce que je fais déjà (Mais je pourrais faire beaucoup plus).
Mais sans aucune certitude que cela ne me mène où que ce soit.
Bien sur, sans travail, sans se donner les moyens, on atteint rien.
Si je parle de ce sujet, c’est parce que j’y suis aussi confronté personnellement.
J’ai du mal à me réguler, à ne pas en faire trop.
Si j’ai 30 minutes devant moi, l’idée d’un footing me survient.
Si j’ai 15 minutes, une petite séance de mobilité ne peut pas faire de mal.
D’autant plus avec cette optique de devenir plus endurant sans perdre trop de force, de muscle.
Et encore, je ne suis pas dans l’optique de progresser partout.
J’ai bien intégré le fait de prioriser comme j’en parlais hier avec Pierre qui se demandait s’il n’allait pas passer à une séance de musculation par semaine pour que sur ces 4 autres séances, ils se consacrent à sa priorité du moment.
Parce que là est sans doute le secret de la longévité, quelque soit le domaine d’ailleurs : Prioriser !
Si vous me lisez, me suivez, c’est que comme moi, tout ne coule pas de source.
Vous entrainer ne suffit pas à vous faire progresser comme les meilleurs d’entre nous.
Vous avez besoin d’un plan clair, d’une routine, de cycler votre entrainement.
C’est normal de ne pas être dans sa forme olympique toute l’année mais à l’heure des réseaux sociaux, on oublie de se le rappeler.
Nous n’avons pas tous les mêmes capacités de travail, de récupération, de tolérance.
Tout est individuel et c’est pourquoi, comme le disait déjà Jean Texier, il y a plus de 40 ans : Mieux vaut en faire moins que trop.
On est pressé d’exceller, de progresser quand tout, absolument tout dans ce monde, qui a de la valeur, de la vraie valeur se fait sur des années si ce n’est des décennies.
La question à se poser est plutôt : Quel rythme puis-je tenir sur le moyen et long terme sans tout sacrifier ?
En ayant une vie équilibrée, c’est à dire une vie où je vais vivre des bonnes journées comme j’en ai parlé dans mon article « Je n’ai pas assez« .
Parce qu’une fois qu’on est blessé, on est niqué, pour la vie !
Tout ne se répare parfaitement, il y a toujours des séquelles.
Même si on se dit qu’on est prêt à payer le prix, comme le disait une championne de Force Athlétique dans un récent podcast, on ne peut dire cela que lorsque l’on n’y est pas vraiment confronté ou parce qu’on a un ego mal placé, une fierté inutile.
Alors faites moi plaisir, faites-en moins !
Je nous souhaite le meilleur, mais pas tout de suite, pas demain.
Mais après demain.
Et pour ca, il faut savoir en faire moins que trop et arrêter de vouloir combler un vide par le toujours plus.
Ca, ce n’est qu’une solution temporaire.
Demandez-vous toujours en amont, avant de vouloir rajouter une séance, en quoi consiste une bonne journée et donc une bonne vie pour vous.
Tout s’éclaircira.