LA BOUCLE SANS FIN

Ces derniers mois, j’ai croisé le chemin de personnes avec lesquelles je n’avais pas échangé depuis plus d’une décennie.

Je m’attendais à une évolution semblable à la mienne, à savoir un changement de paradigme, une conscientisation plus profonde de ce qu’est la vie et des objectifs en adéquation avec ces découvertes.

Une sorte de remise en question de ce que nous faisions plus jeunes et la découverte du non-sens que cela avait désormais avec les années.

En outre, un apaisement, une certaine sagesse, un indubitable recul.

Mais il n’en a rien été.

J’ai revu des personnes comme si je ne les avais jamais quittés.

Comme coincés dans une boucle sans fin sur plusieurs aspects.

Vous le savez aussi bien que moi, quand on sort de l’adolescence, on souhaite conquérir le monde.

On est prêt à tout ou presque pour convaincre que l’on a raison, que l’on peut le changer et que notre vision est la bonne.

On redouble d’efforts et on en pense pas ni à se détendre, ni à se reposer.

Pour la petite blague, dans le livre que je lis actuellement « Be useful » d’Arnold Schwarzenegger, il confie que le repos, c’est pour les bébés et la détente pour les personnes âgées.

Qui plus est, à cet âge, nous cherchons la reconnaissance d’autrui. Nous devons être valorisé, adoubé, montré en exemple.

Notre ego crève le plafond !

Comme dit un petit jeune, plus si jeune de ma salle avec les années qui passent : « L’important, c’est les autres ».

Nous avons alors deux ambitions :

  • Obtenir de la reconnaissance de n’importe qui
  • Rallier son voisin à sa cause pour se conforter et continuer à se raconter l’histoire que l’on est dans le juste.

Comme je l’ai expliqué dans mon meilleur livre « The LeaderProject« , tout n’est qu’une histoire à dormir debout.

J’ai toujours cru, notamment en commençant à vieillir, que ces quêtes passaient pour tous.

Qu’on ne pouvait pas se trouver à 40 ans, à 50 ans et plus encore à continuer à jouer à ce mauvais jeu.

Qu’on se réveillait tous plus ou moins à un moment presque similaire pour se rendre compte de la futilité qui nous a animé.

Bien que j’avais de nombreux exemples autour de moi, je pensais qu’ils étaient des exceptions, des personnes coincées dans une boucle identitaire.

Mais plus les années passent et plus je me rends compte de mes différences.

Plus je me rends compte du chemin parcouru, notamment psychologique et cognitif.

Ce que j’estime être acquis par tous est une pure vision de mon esprit.

Quand je crois que ce que je découvre est déjà su parce que la connaissance est à portée de main, la réalité est que celle-ci n’est pas recherchée.

Pire encore, beaucoup préfèrent faire l’économie de la connaissance.

Quand j’entends certains se réjouir parce que l’IA va nous permettre de parler avec le monde entier sans apprendre différentes langues, je n’y vois pas un progrès, j’y vois un déclin de nos capacités.

Si je ne parle pas très bien anglais, c’est à moi de prendre mes responsabilités pour mieux le parler, de faire des efforts.

Je ne souhaite pas m’acheter de la « connaissance ».

Je peux prendre un coach pour m’aider à apprendre mais je n’aspire pas m’économiser.

Ce sera comme s’acheter des muscles, cela n’a aucun sens.

J’aurais des muscles plus gros si je fais des efforts en ce sens.

Je perdrais du poids si j’arrête de manger comme un goret.

Je ne peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre. En plus, il n’y a rien de plus pourri que le beurre comme dirait mon grand père.

En théorie, je croyais que chacun d’entre-nous arrêtait à un moment de vivre pour autrui, dans le regard de l’autre.

Qu’il quittait ce monde d’approbation extrinsèque pour une vision plus personnelle.

En théorie, j’imaginais que le désir de convaincre autrui disparaissait, comprenant que chacun d’entre nous, par son éducation, son vécu, ses expériences avait sa façon de voir le monde.

Je pensais que l’on état tous capable de prendre du recul et particulièrement de rire de soi-même.

Mais force est de constater que je me suis raconté une mauvaise histoire.

Ce que je vis n’est pas la norme.

Mon expérience est indubitablement différente.

Ma sagesse actuelle ne s’acquiert pas par hasard, naturellement.

J’ai revu des amis qui en sont encore à vouloir prouver à autrui qu’ils sont dans le juste.

Qui ont besoin de se faire adouber pour leurs « performances ».

Qui ont besoin d’être faussement complimentés puisque l’avis d’autrui n’est, à mon avis, pas à prendre en compte, d’autant plus quand il n’est pas sollicité.

Qui se comparent à l’autre pour conforter leurs egos et se raconter l’histoire imaginaire de la méritocratie.

Qui en sont encore à vouloir convaincre qu’ils ont raison.

Et je trouve ca triste car c’est une boucle sans fin.

Je ne crois et je n’invite pas, (mais en ai-je le pouvoir ?) à vivre toute sa vie avec les mêmes objectifs.

J’estime qu’à un moment, la course au toujours plus est une erreur.

Je considère que le bonheur ne se trouve pas dans les yeux d’autrui mais dans les siens, dans son mindset, dans sa philosophie.

A toujours chercher en dehors de soi, nous faisons une erreur.

Bien sur, on ne naît pas avec cette intégration. Nous devons faire nos erreurs, notre chemin.

Je ne sais même pas s’il s’agit d’erreurs, je les vois plus comme un passage obligé pour se rendre compte que l’on fait fausse route.

Moi le premier, pendant des années, j’ai cherché à révolutionner le monde de la musculation sans dopage notamment avec mes articles, vidéos et podcasts quand je partage désormais surtout pour mon propre plaisir sans aucune ambition, notamment via mon site RudyCoia.com.

A me lancer dans des débats sans fin avec autrui pour lui prouver que j’avais raison, à vulgariser tout ce que j’apprenais.

Même si j’ai reçu de nombreux remerciements et que j’en reçois encore quotidiennement, je ne peux que constater que cela m’a surtout changé.

Cela m’a appris que la vie, c’était d’abord avec soi-même.

Que l’on devrait essayer de se responsabiliser, de ne pas réagir à chaud.

Que l’on n’est pas responsable et indéniablement que l’on n’a pas à l’être d’autrui.

Chacun doit vivre sa vie, son chemin, son destin.

Et pour certain, malheureusement (pour le coup, c’est un jugement), c’est peut être le même pour toujours.

J’espère que ce ne sera pas votre cas !

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