Actuellement, en train de lire la traduction française de Clear Thinking, « Penser avec clarté » de Shane Parrish, une page m’a particulièrement marqué.
Si je vous en parle, c’est que, bien souvent, quand je lis un livre, ce ne sont que des redites de ce que je sais déjà et que j’ai partiellement oublié.
En clair, je n’apprends rien que je ne sais déjà ou que je n’ai déjà su.
C’est comme si j’avais de nouveaux accès à ma mémoire avec d’autres mots ce qui me permet d’améliorer mon intégration au plus profond de moi-même.
Vous le savez, je milite contre le plaisir (Qui est à distinguer du bonheur – Cf mon article « Faut se faire plaisir« ).
Je milite pour ne pas succomber à toutes ces injonctions de la société qui usent et abusent d’outils de manipulation et de nudge.
Je milite contre le fait de suivre ses envies car ce ne sont pas souvent nos vraies envies.
Je m’insurge contre tout ce que l’on met en tête et qui n’est pas nous, et qui nous fait croire que c’est notre identité, notre ambition, nos objectifs de vie.
C’est ainsi que j’ai entrepris mon podcast LeaderCast en 2017 dans cette optique de remise en question et que je n’ai pas arrêté de creuser depuis.
Je suis bien conscient que tout est fait pour que nous soyons le meilleur des moutons, tout est organisé autour même de ce concept de copier de son voisin.
Je crois me souvenir que dans un livre de Seth Godin, un des pères du marketing online, il partageait le chiffre de 66% de personnes qui aiment faire comme les autres, surtout ne pas sortir du moule et c’était il y a près de 15 ans.
J’aimerais croire que ce chiffre a régressé mais permettez moi d’en douter quand je vois le monde dès que je sors de chez moi.
Shane Parrish explique que les alcooliques anonymes ont une sorte de devise s’ils se sentent l’envie de craquer.
Ils l’appellent HALT.
H, c’est pour Hungry, la faim.
Si on a faim, on a envie d’y succomber, de répondre en mangeant pour la calmer.
Cela me fait toujours penser à ma mère qui me dit qu’elle a toujours faim et qu’elle doit donc manger comme si c’était une question de vie ou de mort alors que ce n’est qu’une sensation comme j’en parlerais dans un futur Guide Ultime sur mon site RudyCoia.com
Alors qu’on peut très bien choisir de différer sa faim.
Après tout, ce n’est qu’une sensation, une émotion, une envie.
D’autant plus que la faim n’est pas vraiment un problème dans notre société occidentale pour la majorité d’entre nous.
On mange plutôt trop que pas assez et celle-ci est très souvent décorrélée de nos vrais besoins énergétiques.
Le A, c’est pour Angry, la colère.
On est énervé, frustré et on doit réagir.
Il n’est pas concevable de ne rien faire, de laisser le temps nous permettre de redescendre ce que l’on finira, de toute façon, par faire.
Nous devons entrer en action et faire, peu importe quoi.
Dans ce monde d’injustice à tous les niveaux, si l’on est encore coincé devant la première porte de la sagesse (Cf mon livre « The Life« ), on peut ressentir d’énormes niveaux de frustrations.
Par exemple, on peut réagir en consommant ce dont on n’a pas besoin en dépensant de l’argent des futilités.
Mais comme pour la faim, celle-ci tant à s’amenuiser si on prend le temps de se demander le pourquoi du comment.
Le L, c’est pour Lonely, seul.
En société ou accompagné, nous cédons rarement à nos pulsions.
Mais seul et isolé comme cela est de plus en plus la norme, rien ne peut nous arrêter si nous réagissons sous le coup des émotions.
L’être humain n’étant pas fait pour être comme l’explique très bien le livre « The Good Life« , une vie heureuse, c’est une vie à plusieurs.
Etre seul par moment oui mais tout le temps, non.
Alors par manque de contact humain, nous pouvons succomber.
Le T, c’est pour Tired, fatigué.
Cela me fait penser à ces journées où sous le coup de l’envie, je m’entraine trop et où j’arrive en fin de journée, rincé de tout ce que j’ai fait avec une plus faible capacité à résister aux émotions qui m’arrivent.
Maintenant, imaginons un monde où tout est fait pour nous soyons fatigué, seul, énervé et en ayant faim parce que l’on ne consomme pas ce que l’on devrait consommer ?
Ne serions-nous pas manipulables, prêt à succomber à nos moindres envies ?
On aime nous parler de responsabilité individuelle et si elle existe, elle reste coordonner à la responsabilité collective de ceux et celles qui ne pensent qu’à leurs intérêts à notre détriment.
Imaginez un monde qui vous rende addict aux séries, aux distractions sur votre téléphone, qui vous fassent courir à droite et à gauche et qui vous nourrissent mal ?
Un monde où nous ne serions plus en mesure cognitivement de dire non.
Un monde où nous succomberions à la moindre de nos envies.
Je souhaiterais pouvoir dire que nous n’y sommes pas mais force est de constater que c’est bel et bien le cas.
A part s’extirper au maximum de cette décadence pour tenter de vivre sa vie comme on l’entend et de pouvoir résister à l’envie d’agir vis à vis des émotions que l’on ressent, il me parait difficile de gagner ce combat tant, comme cela est expliqué dans le livre « On vous vole votre attention« , les meilleurs cerveaux de la planète ont travaillé et travaillent conjointement contre nous.
Nombreux sont surpris quand j’évoque le pouvoir de l’alimentation, d’une bonne hygiène de vie sur nos capacités cognitives, sur comment ils régulent l’expression de nos gènes, notre état de forme physique, la vitesse de notre vieillissement (uniquement par rapport à soi)…
Comment l’environnement global détermine ce que nous ferons à l’instar des personnes que nous côtoyons mais aussi de ce que nous écoutons, regardons, accordons de l’attention.
Certains rigolent même et ne se rendent pas compte.
Ils préfèrent fuir que d’agir.
Ils préfèrent ne rien dire et garder le statu quo, pensant que ce n’est pas leur combat.
Pourtant, si l’on ne décide pas de vivre sa vie, qu’on ne fait que la vivre à travers ce que l’on nous impose sournoisement, pourra-t-on vraiment dire que l’on a vécu ?
Si l’on n’est pas capable de dire non, alors on dira oui à tout.
Ainsi, comme le conseille Shane Parrish, demandez-vous si vous n’êtes sous l’emprise d’HALT avant de prendre quelques décisions que ce soit.