L’exemplarité, cette ringardise ?
J’ai régulièrement l’impression de redécouvrir ce que je sais déjà.
Peut être que noyé sous une masse d’informations que j’essaie pourtant de filtrer, j’oublie et je classe dans un coin de ma tête.
Pourtant, c’est seulement du bon sens.
Mais dans un monde qui veut tout rapidement, je me laisse parfois happé par cette survitesse.
Et j’en oublie les fondements que pourtant, j’applique quotidiennement sans m’en rendre compte, sans appeler cela des hacks.
Aujourd’hui, on veut réussir du jour au lendemain.
On aimerait pouvoir sprinter et arriver au bout, sans s’imaginer qu’il n’y a rien de pire que d’être au bout, que derrière, il n’y a rien, que le néant.
A croire que le but est l’objectif final, on oublie ou on fait exprès de ne pas prendre conscience qu’une bonne vie, ce sont des bonnes journées comme j’en parlais dans mon Leadercast « Conjugue au présent« .
Malgré tout, ce qui est fou, est qu’agir comme si on faisait, en mentant littéralement peut permettre de devenir cette personne à terme, pour peu que des crédules croient à la supercherie suffisamment longtemps ou qu’ils se renouvellent rapidement.
Que parfois, l’habit suffit à faire le moine, sans preuve d’action ou même sous preuve d’inaction.
Nous sommes dans un monde, notamment via les réseaux sociaux et comme j’en parlais avec mon ancien élève en CQP, John le roi de la Buzzcut (C’est cadeau !), où ceux qui conseillent, prêchent et/ou vendent ne sont pas ceux qui font.
Ce sont ceux qui soignent les apparences, qui se coiffent exprès pour une vidéo ou une photo, ceux qui s’habillent comme s’ils sortaient pour le rendez de leurs vies alors qu’ils vont normalement s’entrainer durement, intensément (en apparence).
Ce sont ceux qui nous crient à longueur de journées de faire preuve de discipline, de rigueurs, de motivation, de persévérance ou que sais-je encore et qui ont pour objectif de motiver et d’inspirer autrui et qui sont justement sensibles à ces faux semblants.
Ce qui est « triste », c’est le manque de hiérarchie entre individus dans un monde qui nous présente comme égaux alors que c’est une vaste fumisterie. A la rigueur, on pourrait plutôt militer pour l’équité.
Le problème, c’est le manque de concordance entre les actes et les paroles.
Le problème, c’est de jouer un jeu plutôt que d’être.
En ce moment, la mode en musculation, c’est de faire des pas, de marcher… A tel point qu’un jeune de ma salle hier m’a demandé un tapis de marche pour marcher entre les séries…
Devant ces ridiculeries, on en oublie le bon sens. On en oublie que la quantité ne fait pas tout, que la qualité compte plus et qu’il y a un temps pour chaque activité.
Que faire des pas, piétiner ne compte pas, que ce n’est pas qu’une histoire de quantité.
Qu’il faut être à ce que l’on fait plutôt que de vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, surtout dans le même domaine.
Que rien ne sert de vouloir aller plus vite que la musique quand elle ne peut pas accélérer.
On devient influençable parce que l’on ne réfléchit plus et que l’on cherche des solutions faciles et rapides.
Parce qu’on oublie qu’on est le reflet de ses habitudes.
Rien ne sert de marcher 30 000 pas par jour si ce n’est pas tenable sur le moyen et long terme.
Rien ne sert de se vanter des manger des gâteaux et des bonbons à longueur de journées en affichant fièrement ses abdominaux pour paraître cool quand c’est tout l’opposé qui nous attend.
Personnellement, je ne trouve pas cela cool mais pathétique.
Si cela fait presque 20 ans que je vis de ma passion de la musculation et que chacun de mes projets fonctionne, je ne l’explique que par l’exemplarité.
Je n’ai cherché à influencer qui que ce soit.
Je n’ai jamais cherché à inspirer qui que ce soit et je ne voudrais pas être dans cette mouvance que j’appelle l’inspiration du pauvre dont je parlais déjà dans cet article en 2020.
Je ne fais que partager ce que je fais, sans sur-jouer.
Je ne fais qu’être plutôt que de paraître.
Bien sur, je joue parfois le jeu des apparences, de mettre les bons habits car cela fait parti des codes et que j’aspire à élever le niveau moyen.
Je ne mens pas sur ce que je fais ou ne fais pas et je ne promeus jamais ce que en quoi je ne crois pas.
Je ne cherche jamais à vendre, qui est un verbe connoté négativement en France, mais je propose mes services, mon aide, notamment via mon site RudyCoia.com
Je m’inscris en « association » avec les gens qui me font confiance.
Je ne veux surtout pas que l’on me copie et même si je me prends beaucoup en exemple, je n’oublie pas que chacun doit trouver son chemin, faire sa vie.
Ce n’est pas parce que je sais comment réussir que je sais comment vous allez réussir.
Je sais comment réussir pour moi.
C’est là tout le drame de ce monde où ceux qui réussissent expliquent à ceux qui ne réussissent pas comment réussir, comme si nous devions tous suivre le même chemin.
Bien sur, cela peut donner des idées et ce sera toujours mieux que celui qui explique comment réussir et qui n’a rien réussi, qui ne fait que paraître jusqu’à tant de devenir, peut être.
Cela me fait toujours penser à mon élève Mourad qui vient régulièrement à la Villa SuperPhysique et qui, à chaque fois, est surpris de ma rigueur alimentaire, de me voir manger la même chose ou presque depuis des années comme si c’était incroyable.
Ce qui m’a forgé en tant d’adulte, ce sont les exemples qui ont bercé mon adolescence, des gens qui faisaient preuve de rigueur, de discipline sans en faire des caisses, qui n’avaient pas besoin d’en faire, qui faisaient tout simplement.
Et c’est ainsi que je vis.
Parce que je suis le reflet de mes actes, de mes habitudes, de mes actions.
Je sais que rien ne permet d’accélérer mais que le temps est généreux avec ceux qui agissent correctement, même si l’injustice existe.
Aujourd’hui, il faut le dire, l’exemplarité est souvent moquée.
Au lieu d’être pris en exemple, on fait tout pour se convaincre que ce n’est pas possible, pour ne pas y croire.
Au lieu de donner des idées, on se convainc que c’est impossible, que c’est trop difficile, que personne ne peut faire ca.
Et c’est là l’erreur de la majorité.
Soit on se dit, comme explique Carol Dweck dans son livre « Mindset« , qu’on est comme est et que c’est comme ca, que c’est foutu ou alors on se dit que l’on peut évoluer, que l’on peut apprendre et on s’inspire de l’exemplarité d’autrui.
Si je suis encore là aujourd’hui, c’est parce que cette exemplarité me permet de durer que ce soit physiquement, professionnellement mais aussi psychologiquement.
Plutôt que de voir la routine comme ennuyeuse, elle me stimule et me rassure car elle est gage de sécurité sur laquelle s’appuyer en cas de coup de mou temporaire.
Regardez aujourd’hui le temps qu’il fait, l’absence de lumière, le ciel invisible.
Cela pourrait être une excuse pour ne rien faire si je n’avais aucunes habitudes ou routines sur laquelle m’appuyer.
Mais j’allume ma fausse lumière, je me mets la musique qu’il faut dans les oreilles et j’essaie d’apporter une contribution, même si ce n’est qu’une redite, non pas pour montrer l’exemple à autrui, mais pour être mon propre exemple.
Il n’y a que comme ca que l’on profite du chemin, que l’on dure et que l’on réussit, quelque soit le domaine.