NON, CE N’EST PAS RINGARD

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu d’autobiographies.

En effet, la plupart du temps, je tombais sur des biographies, c’est à dire des ouvrages retraçant la vie d’illustres personnes mais j’accrochais moins.

Je préfère quand l’histoire, même s’il est légèrement tronquée parce que nos souvenirs « changent » avec le temps, est racontée par l’auteur.

Ainsi, j’avais lu la biographie de Leonard De Vinci, écrite par le même auteur que celle de Steve Jobs, Walter Isaacson mais à la différence de cette dernière, il n’avait pas été possible d’interviewer celui qui l’avait vécu.

Mais la dernière autobiographie que j’ai lu ? Je crois que ça remonte à Bernard Tapie et à peut être presque une année.

Alors que j’étais parti me procurer deux nouveaux livres sur l’endurance, un sujet dont j’ai actuellement soif de connaissance, voilà qu’en tête de rayon, je tombe sur l’autobiographie de Tony Parker.

Vivant depuis quelques années complètement en dehors du monde, je n’ai pas vraiment suivi son ascension et pu m’inspirer de son exemple au fil des années.

Je savais qu’il avait été un bon joueur de NBA avec les San Antonio Spurs mais ça s’arrêtait là. J’avais entendu dernièrement qu’il avait pris sa retraite mais sans savoir pourquoi, comment et surtout sur ce qu’il comptait faire désormais.

Etant plus que curieux sur la réussite d’autrui, voilà que la chance me souriait donc encore une fois avec cette autobiographie.

On peut d’ailleurs y voir là l’obligation de sortir de chez soi et de se bouger le cul pour provoquer sa chance.

Attendant à la caisse avant de payer, je me mis à feuilleter le livre auquel j’accrochais tout de suite.

L’endurance attendra.

Alors, après avoir fini de travailler vers 20h30 jeudi dernier, j’attaquais la lecture et je dois dire que je n’ai pas été déçu.

Le style déjà ? Vivant ! Ca sent la vie, le vécu, le vrai. Pas de baratin ou de mot compliqué, mon style, j’adore.

Des 340 pages qui la composent, je l’ai lu en moins de 48 heures.

Ce que j’y ai appris, je souhaite vous le partager parce qu’aujourd’hui, il semblerait que ce soit ringard.

Parfois, c’est tourné en ridicule. On se moque de ceux qui sont ainsi jusqu’à tant qu’ils réussissent.

On n’apprend plus cela et je ne sais pas vraiment pourquoi. J’aurais bien des hypothèses sur le sujet mais Tony Parker est un exemple même de cette valeur.

Comment a-t-il réussi, en dehors de ses facultés héréditaires (Son père était également basketteur professionnel, à moindre niveau certes mais quand même) ?

Tout peut se résumer un seul mot : DISCIPLINE !

Au début de tout projet, il y a la motivation, la volonté.

La volonté, on lui associe toutes les réussites. D’ailleurs, dans le livre « Le gène du sport », il est rapporté que la volonté et le fait de savoir/pouvoir endurer aurait une bonne part de génétique, que nous ne sommes pas tous égaux, une évidence (Dans un des livres que j’ai commencé à lire sur l’endurance, il explique les records de Diane Van Deren par l’ablation d’une partie du cortex pré-frontal, suite à des crises d’épilepsie, qui lui fait ressentir la douleur différemment, entre autres).

Cela me rappelle l’autobiographie de Rafael Nadal, un pur chef d’oeuvre également à lire.

Mais celle-ci ne suffit pas à faire de vous un champion, évidemment.

Parce qu’à un moment, la volonté s’épuise si des actions ne sont pas mises en place pour ne pas qu’elle disparaisse.

On met alors en place des habitudes qui, elles-mêmes, sont tenues par notre capacité à être discipliné, à suivre les règles.

Tout le monde connaît les règles de la réussite que j’ai d’ailleurs condensées à partir de mes lectures dans le LeaderBook.

C’est comme « maigrir », tout le monde sait comment faire mais si on ne met pas en place des habitudes comme manger à telle heure et pas à une autre, que l’on n’est pas discipliné quand on fait ses courses à ne pas aller dans le rayon des « poisons » alimentaires (C’est à dire la majorité des rayons) et à ne pas en acheter pour en mettre dans ses placards, même avec la meilleure volonté du monde, un jour ou l’autre, on va ouvrir ses placards et consommer ces « poisons » avec les résultats que l’on connaît.

C’est pourquoi la discipline, bien que ringardisée aujourd’hui, par de nombreuses personnes, qui crient au scandale parce que vous l’êtes parce que c’est pas possible d’après eux, parce qu’être discipliné serait s’ennuyer dans la vie, avoir une vie trop « carré », est pourtant ce qui se cache derrière la réussite de tous.

Personne ne réussit, dans le sens « atteindre ses objectifs », au hasard, jamais.

Comment Tony Parker a appris la discipline ?

Par l’éducation, notamment de son père qui, naviguant dans le milieu du sport professionnel, a transmis cela à son fils dès le début.

Ainsi, à 12 ans, il faisait déjà tout pour réussir. Il avait associé la malbouffe à de moins bonnes performances, se coucher à pas d’heures à une mauvaise forme physique.

Il est intéressant de constater que dès ses débuts en Basket, son rêve, que dis-je, son objectif était de jouer en NBA.

Il n’y avait pas de demi-mesure, c’était tout ou rien. Certains évidemment essayaient de la décourager, en vain.

Son père lui a appris qu’être discipliné, c’est être professionnel.

Qu’être diffus, aléatoire ne permettait pas d’atteindre ses objectifs.

Par l’exemplarité, son père l’a convaincu et par les paroles, lui a doublement transmis le pouvoir de la discipline.

La discipline, à notre niveau, c’est déjà de se lever quand le réveil sonne, peu importe que l’on se soit mal réveillé, que l’on est mal dormi…

L’heure, c’est l’heure. L’heure n’est pas l’heure quand on ne sait pas ce que l’on veut et après l’heure, ce n’est plus l’heure.

Peut être que le problème en amont de la discipline, c’est de savoir ce que l’on veut.

J’en parlais récemment avec un de mes élèves en Coaching LeaderCast (prochainement disponible officiellement) qui enseigne actuellement en Master 2 et qui me disait que beaucoup de jeunes ne savaient pas pourquoi ils suivaient ce cursus, qu’ils ne savaient pas de ce dont il avait envie.

Dans le même ordre d’idée, j’écoutais une interview d’Alain Cayzaz qui expliquait qu’avant toute chose, il fallait déterminer de quoi on avait envie.

Parce que si on ne sait pas où l’on veut aller, comment pourrait-on arriver quelque part ?

Croire que sans but, sans objectif, on peut être heureux est un euphémisme, au pire un mensonge que l’on se raconte.

Comment être discipliné et bénéficier de son pouvoir sans but précis ?

Peut être alors que le préambule à la discipline, c’est de déterminer le sens que l’on choisit à sa vie. C’est d’ailleurs le sujet d’un des premiers chapitres de mon livre « The Leader Project » qui devrait sortir rapidement si ce n’est pas déjà le cas au moment où vous lisez ces lignes.

Parce que tout part de là.

Pour Tony Parker, ce sujet de la discipline va encore plus loin.

Il s’impose d’être professionnel avant de le devenir concrètement. Il s’impose des sacrifies aux yeux des autres qui ne sont pas vécus ainsi par lui.

J’entends beaucoup de personnes dire que parce qu’ils ne visent pas les Jeux Olympiques, qu’ils ne visent pas à exceller, qu’ils n’ont pas besoin de vraiment s’investir dans ce qu’ils font.

Pire, ils critiquent ceux qui le font et qui ne sont pas encore à ce niveau en cherchant à les ralentir, en leur disant que ça n’a aucun sens.

« Pourquoi tu en fais autant ? Ralentis ! Tu en fais trop ! Ca ne sert à rien »…

Forcément, à penser ainsi, on ne risque pas de faire quelque chose.

Il est « drôle » de constater que le sens des efforts que nous faisons ne prend de la valeur, n’a du sens, de l’importance, qu’au moment où nous devenons ce champion.

Qu’avant, c’est comme si cela était vain. Il est évident qu’avec de telles réflexions, on n’est pas capable d’atteindre quoi que ce soit, si ce n’est de se laisser vivre et de perdre sa vie.

Qu’avant, on est seul face à soi-même avec ses objectifs et sa discipline.

Quand Tony Parker est a été recruté en NBA, tout s’est enchaîné très vite car dès sa deuxième saison (si je me souviens bien), il gagne le titre.

Alors qu’on entend régulièrement qu’il faut un temps d’adaptation, lui, n’en a vraiment pas eu besoin.

Oserais-je dire que c’est parce qu’il se comportait déjà comme un pro ? Parce qu’il avait la discipline d’un pro bien avant d’intégrer la NBA et ce depuis ses 12 ans de manière crescendo tout au long de sa carrière ?

Pour devenir celui ou celle que l’on désire être, il faut avant tout se comporter comme telle jusqu’à tant que cela devienne réalité qui ne peut exister que grâce à la discipline.

J’ai toujours été admiratif de la discipline et notamment des Arts Martiaux pour ce côté respectueux.

Parce que la discipline, ce sont des règles de conduites que l’on s’impose mais également des règles de conduites que l’on suit par rapport aux activités que l’on pratique.

Quand je vois que des arbitres ne sont pas respectés sur des terrains de football (par exemple) et que les sanctions prises à l’encontre de ce manque de respect sont mineures, je comprends que la discipline ne soit pas apprise et intégrée, qu’elle soit délaissée.

Dans d’autres activités, quand l’arbitre dit blanc, c’est blanc et sans contestation possible.

Ce qu’il est vraiment intéressant avec Tony Parker, c’est qu’il est le reflet de la discipline à tous les niveaux. Il n’y a pas de place au hasard. Il n’y a pas de sortie de route concernant sa carrière.

Par exemple, durant celle-ci, il avait son propre cuisinier personnel à temps plein. Tout était optimisé pour son objectif.

Quand il devient MVP, c’est à dire meilleure joueur NBA de la saison, la plus haute distinction possible, c’est comme si c’était écrit, programmé.

Tous les efforts, toute la discipline qu’il s’est imposé mais qu’il n’a pas ressenti parce que c’était son objectif, l’y ont amené.

Alors que je vois des documentaires où des joueurs de foot mangent des bonbons, quand des « athlètes » mangent dans je ne sais quelle chaîne de fast-food, cela me fait mal au cœur que de tels « exemples » soient montrés.

Car la réalité est tout autre, sauf pour des exceptions qui confirment la règle.

La discipline devrait être portée en éloge et non ringardisée.

On devrait admirer celui qui en fait preuve, en tout temps, parce qu’il a trouvé un sens à sa vie sur le moment et surtout s’en inspirer pour faire de même.

Quand j’étais adolescent et que je lisais, regardais ce que faisait les champions, la discipline qu’ils s’imposaient en apparence, je n’avais pas d’autres possibilités dans ma tête que de faire la même chose.

J’ai rapidement compris que plus on était discipliné, plus on réussissait, parfois bien au delà de ce que l’on pensait possible.

Mais lorsque l’on ne connaît même pas ce mot, qu’on est dissipé, aléatoire, impermanent en tout temps, que l’on ne sait pas ce que l’on veut mais qu’on sait ce que l’on ne veut pas (le comble), le possible de ceux qui sont disciplinés parait complètement hors de portée, pour ne pas dire impossible.

Alors on crie au loup !

Je me souviens de ces années où j’étais tellement déterminé que je ne faisais aucun « écart » alimentaire, que je me couchais tôt tous les soirs. Certains se marraient, tournaient cela en dérision et encore aujourd’hui, quand je le raconte, certains n’y croient pas, ne veulent pas y croire.

Comme si être discipliné et focus comme on dit de nos jours était impossible.

Moi, ce qui me parait impossible, c’est de rêver sa vie et de ne pas faire ce qu’il faut pour vivre ses rêves. Ça me parait complètement fou.

Quand Tony Parker se blesse gravement en s’arrachant le quadriceps, il ne se dit pas un instant qu’il ne va pas revenir à son niveau, qu’il ne va pas rejouer.

Pourquoi ? Parce qu’il sait, parce qu’il est conditionné à faire ce qu’il faut pour atteindre ses rêves, à faire preuve de toute la discipline nécessaire pour guérir quand la moyenne se jette sur la malbouffe à la moindre petite contrariété.

Voilà la force des habitudes, la force de la discipline.

On n’est pas professionnel parce qu’on le souhaite mais parce qu’on est professionnel en tout temps, pas seulement quand la lumière brille.

Comme disait Michael Phelps dans je ne sais plus quelle publicité : « Ce qui compte, c’est ce que tu fais dans l’ombre ».

Alors saurez-vous outrepasser votre motivation, aller plus loin que votre simple volonté en vous imposant des règles de vies vous permettant d’avoir la vie que vous désirez ou ferez-vous parti de ceux qui abandonnent avant même d’avoir commencé par manque de discipline ?

Rudy

Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
WhatsApp