Il ne se passe pas un jour sans que l’on me présente des excuses.
Des excuses pour avoir « fauté », c’est à dire ne pas avoir suivi le plan prévu.
Des excuses pour avoir mangé comme un goret alors que l’on devait consommer des choux-fleurs.
Des excuses parce qu’on a échoué alors que l’on a tout donné.
Vous me connaissez, j’ai cette tendance de ne jamais être satisfait de ce que je fais, même quand c’est bien.
Je crois toujours que je peux faire mieux, que j’aurais pu faire mieux.
C’est comme cette sensation de fin de course où malgré que l’on ait battu son record, on pense qu’on aurait pu faire mieux alors que dans les faits…
Le problème des excuses, c’est qu’on peut toujours en trouver.
C’est qu’on peut tout expliquer, du moins tout se raconter.
« Je n’ai pas réussi parce que ci, parce que ca »
« J’aurais pu faire mieux si ou ca »
« J’ai gagné mais je me suis levé du pied gauche alors imaginez si je m’étais levé du pied droit »
Le véritable problème est que nous sommes dans un monde de compétition, du moins c’est ce que croit la majorité.
C’est ce que l’on s’imagine quand on est une société d’abondance comme c’est le cas actuellement en occident.
Alors nous nous comparons, nous nous évaluons vis à vis d’autrui.
Si quelqu’un fait mieux, ce que je fais n’est pas suffisant. Je peux faire mieux !
Le phénomène s’est bien évidemment accentué avec les réseaux sociaux où l’on se compare au monde entier.
C’est ce que je partageais la dernière fois à un élève : Avant, tu faisais 10×100 kg au développé couché, tu étais un « monstre » dans ta salle, dans ton réseau physique.
Aujourd’hui, avec cette même performance, tu te sens nul si tu te compares aux autres.
A force de se comparer, cela pousse certains et certaines à des comportements destructeurs.
On se demande ce que fait son voisin pour être si supérieur à nous.
Il a forcément des secrets.
Eurêka : Il doit en faire plus.
Plus de travail, toujours plus de travail.
Au lieu d’écrire un article par jour, il doit en écrire 5, c’est sur.
Au lieu de faire du sport 4 fois par semaine, il doit s’entrainer 12 fois.
Le restaurant ? Il ne connait pas, c’est certain.
Alors nous redoublons d’effort parce que nous ne sommes pas suffisant.
Nous en faisons plus car c’est la solution pour être plus.
Pire, certains ont recours à l’utilisation de produits interdits, hormonaux qui peuvent tout dérégler du jour au lendemain et ceux-ci pour la vie.
Dès qu’on joue avec ses hormones, il n’y a aucune certitude de finir un jour en bon état, au contraire d’après ce que j’ai pu voir ces deux dernières décennies que je navigue dans le milieu du sport et de la santé.
Si notre espèce a survécu jusqu’ici, ce n’est pas grâce à la loi du plus fort.
C’est grâce à la loi de l’entraide, l’autre loi de la jungle comme dirait Pablo Servigne dans son livre du même nom.
Mais aujourd’hui, nous nous justifions sans arrêt pour ne pas être assez.
Nous nous comparons en oubliant que nous sommes tous nés différents.
Que nous nos gènes ne s’expriment pas de la même façon, que les efforts que nous faisons ne donnent pas les mêmes résultats que notre voisine, que nous ne réagissons pas.
C’est une des raisons qui fait que j’ai arrêté de courir après la lecture des autobiographies et biographies car le chemin de la « réussite » est différent chez chacun, même si celui d’autrui peut donner des idées et la « force » de rêver.
C’est pour cela que je m’inscris souvent en faux vis à vis de la loi de la moyenne qui permet de conclure les études scientifiques car personne n’est la moyenne.
Il y a les mauvais répondeurs et les bons répondeurs. Presque personne n’est « moyen » même si plus de 2/3 des individus aiment agir comme leurs concitoyens sans discernement.
Je dis souvent, en souriant, que si j’étais au pouvoir, j’abolirais les classements en compétition.
Car elles ne sont pas équitables.
Ceux et celles qui gagnent ont eu un coup de chance génétique, un coup de chance environnemental comme j’explique dans mon article « Comment devenir champion de Kayak » qui peut s’exporter à tous les domaines.
Le véritable problème, c’est que depuis notre plus tendre enfance, on nous classe, on cherche à nous catégoriser, à nous compartimenter, à nous opposer.
Mais la vérité est ce que ce n’est pas ce qui compte.
Ce n’est pas ce qui amène à vivre une vie épanouie.
On peut être le champion de tout ce que l’on souhaite que cela ne rend pas forcément heureux.
Cela peut même rendre malheureux tant l’isolement que cela implique est important.
Le bonheur, cela commence par essayer de ne pas se mentir à soi-même, de se trouver des excuses, de se justifier.
Une de mes ex disait très justement : « Qui se justifie s’affaiblit ».
Et elle a raison.
Nous sommes comme nous sommes, avec nos paradoxes plus ou moins importants et nous menons tous nos combats comme nous le pouvons.
La victoire vis à vis d’autrui n’est pas un choix, elle s’impose si on réunit toutes les cartes du destin.
Nous nous fixons des objectifs pour suivre un chemin qui nous importe en espérant les atteindre alors qu’il faudrait ne jamais les atteindre pour ne pas finir comme Rocky (J’en parle longuement dans mon Super Podcast des Patreotes) et s’embourgeoiser.
Je pense que le plus important est de ne pas se mentir à soi-même, de ne pas se trouver des excuses.
Nous faisons que ce nous pouvons faire et pas souvent ce que nous voulons, enfin ce que nous croyons vouloir.
Chacun d’entre nous fait du mieux qu’il peut avec ses cartes et il peut être difficile d’y faire face tant on aimerait avoir une autre main.
Mais il faut faire avec car nous sommes tous différents et que nous ne pouvons pas vivre une bonne vie dans la frustration, dans la pensée que ce n’est pas suffisant.
Car cela ne le sera jamais avec cet état d’esprit.
Alors oubliez les excuses, elles ne servent à rien.
On n’a pas à s’excuser d’être qui on est.