Je crois que nous sommes dans un monde qui, de plus en plus, ne s’écoute pas.
Je crois que nous arrivons à une apothéose (je l’espère sincèrement) où chacun entend d’une oreille ce qu’il veut bien entendre et fait ses propres conclusions, son avis vis à vis de cette faible écoute.
Je crois que la majorité des gens fait une énorme erreur, constamment, sans s’en rendre compte et que cela nous plonge inexorablement vers le film prophétique « Idiocraty ».
Alors je vais me permettre, aujourd’hui, d’essayer de tout remettre en place.
Parce que rien ne sert d’entendre, rien ne sert d’être là pour ne pas être là.
Je suis sur, que tout comme moi, vous avez déjà essayé d’avoir une discussion, une conversation avec quelqu’un qui avait le nez scotché sur son téléphone, qui était « occupé » ailleurs.
Je mets occupé entre guillemets car comment pourrait-on être véritablement occupé à une chose en essayant d’en faire deux à la fois ?
On ne fait jamais deux choses correctement à la fois, jamais.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes hyper connectés par défaut.
Nous sommes sans arrêt à moitié là et à moitié absent.
Nos journées peuvent passer sans que nous n’ayons vraiment fait d’autres choses que de regarder ce que font d’autres personnes, sans avoir fait les voyeurs.
Nous recevons sans arrêt des informations de partout, des notifications de tout et de n’importe quoi.
Les réseaux sociaux, pensés à la base pour nous rapprocher malgré la distance, sont maintenant pensés pour nous garder un maximum dessus, pour exploiter notre voyeurisme.
Tout est fait pour que nous y restions un maximum à tel point que parfois, je me retrouve à avoir perdu quinze minutes de mon temps, si ce n’est plus.
Tout est fait pour avoir nos données, pour déterminer qui nous sommes, ce que nous aimons pour mieux nous cibler par des publicités, pour essayer de nous catégoriser, de nous faire consommer, de nous manipuler (la mauvaise manipulation).
De plus en plus, étant présent depuis plus d’une dizaine d’années dessus si je ne dis pas de conneries, je peux voir la tournure qu’ils prennent.
Alors qu’auparavant, quand quelqu’un s’abonnait à ce vous faisiez, il était sur de voir ce que vous partagiez, désormais, cela n’est plus le cas, quelque soit le réseau social d’ailleurs.
Tout cela est devenu une énorme machine à fric qui nous fait perdre progressivement une partie de ce que nous sommes, de ce que nous sommes censés être.
A recevoir des notifications, des messages, des appels en tout temps, nous sommes dans un monde où il faut être disponible en tout temps.
Si vous recevez un message et que vous répondez le lendemain, cela peut être mal pris.
Si on vous appelle, que vous êtes occupés à autre chose et que vous ne répondez pas, cela peut créer une dispute.
Que si, aujourd’hui, on n’est pas prêt à être là, là et là… C’est à dire partout à la fois, à la demande de chacun, cela ne va pas.
A vivre comme cela, que se passe-t-il ?
Nous perdons notre connexion avec les autres.
Comme j’en parlais dans ce Leadercast, nous sommes dans un monde où il est plus en plus difficile de nouer des relations, de s’entourer, de faire parti de quelque chose de plus grand que soi.
Or, le bonheur ne saurait se trouver seul mais est la résultante d’actions communes, de partages.
A ne pas savoir faire la part des choses entre ce qui est réellement important et ce qui est futile, nous ne savons plus être là, maintenant, tout de suite.
Il y a de nombreux livres sur le sujet du moment présent comme « le pouvoir du moment présent » ou mieux à mes yeux « Le guerrier pacifique » de Dan Millman dont un film était sorti au début des années 2000.
Si l’on ne sait pas être là, maintenant, alors découlent plusieurs problèmes, qui comme par hasard, sont sans arrêt remis sous nos yeux sans que rien ne change.
On nous parle régulièrement des problèmes d’attention et de concentrations des enfants à l’école.
Mais comment pourraient-ils ne pas en avoir si à 8 ou 10 ans, ils ont déjà leurs propres téléphones et/ou sont scotchés dessus à longueur de journée ?
Comment quelqu’un en construction, même si on l’est durant toute sa vie, pourrait savoir quel degré d’attention accorder à quoi et quand ?
Comment pourrait-il savoir ce qui est important ?
Pour moi, le problème de la concentration n’en est pas vraiment un.
C’est un problème d’attention.
C’est un problème de priorité.
Nous ne pouvons pas faire deux choses à la fois et naturellement, l’être humain ira vers ce qui est le plus facile, le plus confortable.
Qu’est ce qui est le plus « difficile » (Notez les pincettes), écouter son professeur en cours, devoir réfléchir ou regarder les réseaux sociaux et jouer à des jeux débiles ?
Au choix, sans remise en question, que l’on soit enfant ou même adulte, la plupart ira vers le deuxième choix.
Entre lire un livre, regarder un documentaire ou faire défilé son fil d’actualité, lire les avis de tous qui ne valent rien parce qu’ils n’écoutent jamais, quel choix faites-vous ?
Parce que le deuxième problème est là.
Il y a une différence fondamentale entre entendre et écouter.
Entendre, on peut le faire d’une oreille, on peut le faire en étant absent.
Comment sait-on si on ne fait qu’entendre ?
C’est simple, deux minutes après, on ne sait même plus ce que l’on disait.
A ne faire qu’entendre, on n’est pas là, on ne vit pas vraiment, on ne « profite » pas du temps.
Alors qu’écouter, c’est un processus actif.
Ecouter, c’est être là.
C’est faire un « effort », le mot est fort, de compréhension, d’implication dans la discussion avec autrui.
C’est comme lire et survoler.
Combien de personnes survolent des discussions plutôt que de lire consciemment ?
On en arrive alors, comme je disais en préambule, à des personnes qui ont des avis sur tout et rien alors qu’elles ne devraient pas en avoir ou moins pas le donner.
On assiste à des discussions sur Facebook, Instagram et compagnies où chacun donne son avis sans lire ce qui a été écrit précédemment.
Pire, parfois, sans même lire le message de base, la publication.
Le problème, c’est qu’à choisir d’être distrait sans arrêt, nous perdons notre connexion entre nous.
Nous n’arrivons plus à nous intéresser à ce qui se passe dans la vraie vie.
A accorder de l’importance aux vrais gens.
Nous devenons individualistes, à ne penser qu’à soi en apparence mais surtout aux autres au final.
Nous sommes obnubilés par ce que disent des gens qui n’existent pas, qui s’inventent une ou plusieurs vies.
Nous oublions ceux qui sont autour de nous, comme s’ils étaient moins importants que des pseudos stars.
De cela, en découle et je le vois chaque jour, une diminution des capacités cognitives.
Je vois des gens qui n’ont plus de mémoires, qui ne retiennent rien parce qu’ils ne font d’entendre, parce qu’ils sont partout et nul part à la fois.
Je vois des gens qui n’ont plus de culture, qui comptent sur leurs téléphones pour leur dire tout ce qu’ils ne savent pas.
Imaginez si Internet se crashait demain ?
Mais peut être que c’est déjà ce qu’il se passe avec les réseaux sociaux où de plus en plus de personnes que je côtoie dans la vraie vie n’y sont plus, ont fuit.
Et si je ne devais pas faire preuve de présence et de visibilité, cela fait bien longtemps que je n’y serais plus non plus.
Certes, il y a des choses intéressantes mais encore faut-il arriver à faire le tri.
C’est drôle, mais à l’instant, je viens de recevoir une newsletter quotidienne économique à laquelle je suis abonné et qui parlent de l’explosion des coach détox aux Etats-Unis.
De quoi s’agit-il ?
De personnes qui aident les enfants à se désintoxiquer des écrans.
Plutôt que d’être aussi extrémistes, même si l’envie ne me manque pas, j’oserais dire qu’il appartient à chacun de faire les bons choix.
Voici ceux que j’ai fait personnellement et qui sont l’application pratique de cet épisode de Leadercast :
1 – Ne pas installer les Emails sur mon téléphone. Sinon, je suis sans arrêt déranger et j’ai envie d’y répondre.
2 – Enlever toutes les notifications des réseaux et applications de celui-ci parce que, comme pour les emails, je vais avoir envie de regarder et de m’en occuper.
3 – Quand je fais quelque chose, j’éloigne mon téléphone. A l’instar de ce que faisait Antonin Archer qui a animé le Podcast Nouvelles Ecoles pendant plus d’une année, je ne le mets pas dans une boite mais je l’éloigne. Cela me fait d’ailleurs penser qu’une bonne façon de se lever quand son réveil sonne, c’est de mettre son réveil loin de soi, inaccessible. Ainsi, on sera forcé de se lever, au moins pour l’éteindre.
4 – Quand je parle à quelqu’un, je suis là. J’écoute activement. Cela surprend d’ailleurs beaucoup de personnes que je me souvienne autant de ce qu’ils m’ont dit. Mais quand on écoute, qu’on est impliqué, on retient les choses. Ce n’est pas une question de manger plus ou moins de poissons. Je m’intéresse vraiment à ce qui se dit parce que la question m’intéresse et la réponse (vice versa).
5 – Si je suis avec des gens, je ne regarde pas mon téléphone. Rien n’est urgent, n’est plus important, que ce que vous faites actuellement. C’est important de le comprendre.
Ainsi, si on fait le choix d’être connecté quand on l’a décidé et de ne pas subir l’hyper connexion, on ne profite que des avantages.
On peut avoir peur de passer à côté de certaines choses, de « louper » des trucs potentiellement intéressants mais il y a tellement d’informations que de toute façon, vous ne pourrez pas tout suivre et que, de toute façon, notre temps d’attention étant limité par jour, en moyenne à 4 heures par jour, rien ne sert de pousser le bouchon trop loin comme Maurice (Qui reconnaîtra la référence ? 🙂 ).
La vie, c’est une question de choix.
Qu’est ce qui vous intéresse réellement ?
Est-ce de vivre à travers les autres, de regarder tout ce qu’ils font et d’avoir peur de l’autre dans la vraie vie ?
De rêver de faire sans jamais faire parce que regarder la vie d’autres est plus intéressant que de vivre la vôtre ?
De vivre virtuellement ? D’être un Geek, un Nerd ? Ce qui n’est pas un compliment à la base, qui n’est pas connoté positivement.
Ou c’est de vivre dans la vraie vie, de faire, d’agir, d’être là, ici et maintenant comme Dan Millman dans le Guerrier Pacifique ?
Est-ce que c’est de passer à côté de tout parce qu’on a peur de louper la dernière connerie de tous les monsieurs patates du monde ?
Ou est ce que c’est d’avoir de vraies conversations, de vraies relations, au final, un vrai entourage ?
L’important, ce n’est pas ce qui se dit, c’est que vous dites et ce que l’on vous dit de manière directe, en face à face.
Ce n’est pas ce qui se passe dans votre dos et qui ne vous concerne pas directement.
C’est ce qui se passe quand vous êtes parti prenante, quand vous êtes votre propre acteur et pas seulement un spectateur.
J’ose croire que si vous êtes ici à me lire, c’est que vous ne désirez pas être seulement spectateur.
Alors agissez en connaissance de cause et priorisez votre temps comme vous l’entendez.
Vous découvrirez sans doute que vous avez bien plus de mémoire que vous ne le pensiez,
Bien que plus de temps que vous ne le croyiez,
Et qu’au final, vous serez bien plus heureux qu’à être dérangé par des inconnus qui font les pitres et jouent sur l’indignation pour attirer votre attention.
Votre attention, c’est tout ce que vous avez pour faire la différence.
Prêter son attention, c’est voter.
Votre attention détermine qui vous êtes et qui vous serez.
Alors comme le temps,
Apprenez à déterminer ceux qui la mérite.
Parce qu’à la laisser aux mains d’autrui,
Vous ne verrez pas votre vie défiler,
Et surtout vous ne vivrez pas.
Alors faites attention,
C’est important.
Rudy