CULTIVER L’ANTI-AMBITION ?

Depuis maintenant quelques semaines, je vis sans réel projet qui monopoliserait toute mon attention.

J’avoue que cela me fait « peur ».

Depuis que j’ai ouvert ma première société en 2006, j’ai toujours été porté plus ou moins régulièrement par un projet dominant.

Un projet qui me réveillait la nuit, un projet qui me faisait me lever le matin en sautant du lit, un projet qui donnait un sens plus important à ma vie qu’elle ne l’est.

Pourtant, désormais, quand on me pose la question de mes projets futurs, je réponds que je n’en sais absolument rien.

Je suis dans l’attente de ce qui voudra bien me « tomber » dessus.

Mon dernier projet en date est mon livre « The Leader Project » que vous connaissez bien et dont je suis particulièrement « fier » car il me permet de donner un sens, un chemin et un pourquoi à ce que nous faisons, à ce que nous voulons entreprendre.

Il cadre dans un monde qui a tendance à vouloir nous faire faire le tour de nous-même à l’infini.

Mais depuis, c’est le calme plat.

J’ai bien des idées de projets mais rien qui m’amine plus particulièrement.

Tout se déroule sans embûche, tout me sourit en regard du travail effectué en amont durant des années.

C’est comme si tout était devenu trop facile, que je n’avais plus défi.

On m’a toujours dit lorsque j’avais un projet, surtout à mes débuts, que je n’y arriverais pas, que c’était trop difficile alors j’avais à cœur de faire fermer des clapets.

Rien que le défi me motivait et me donnait l’énergie pour démontrer l’inverse, que je pouvais y arriver.

Au fur et à mesure des projets, ces personnes ont été de moins en moins nombreuses jusqu’à me faire ressentir que rien n’était impossible pour moi.

Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être arrivé au bout de quelque chose.

J’ai écrit mon premier article en 2004 dans le domaine de la musculation sur un sujet qui est encore abondamment recherché aujourd’hui.

Durant la fin 2019, je me suis acharné à écrire, plutôt à réécrire chaque jour mes meilleurs articles sur mon site RudyCoia.com pour finalement en arriver à avoir un top 50 plutôt solide.

Cela m’a un peu animé car ma première mission, celle qui m’a passionné le plus clair de ma vie jusqu’aujourd’hui, est de lutter contre les idées reçues en musculation et de promouvoir la musculation sans dopage.

Pourtant, maintenant, j’éprouve comme une lassitude rien qu’à la réflexion de réécrire un article que j’aurais déjà écrit des centaines de fois de différentes façons.

Je n’éprouve plus de plaisir à me répéter inlassablement.

J’ai beau cherché des sujets sur lesquels écrire, je n’en trouve pas qui intéresserait véritablement.

Les questions que je me pose et sur lesquelles je pourrais écrire sont des questions dont j’ai moi-même les réponses et qui n’intéresseront presque personne.

C’est pourquoi je les partage uniquement à ceux qui suivent la Formation SuperPhysique.

C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai « remonté » une SuperPhysique Team avec un forum privé afin d’échanger avec ceux qui partagent mes valeurs et qui ont plus d’une dizaine d’année d’entraînement (Pour l’instant, cela n’a pris qu’à moitié) parce que l’on se pose sans doute les mêmes questions.

Lorsque l’on écrit du contenu, on doit toujours avoir en tête que l’on fait cela pour 95% des gens qui débutent, pour ceux qui n’y connaissent « rien » mais qui veulent en savoir plus.

On pourrait parler du plaisir d’écrire, de partager et que cela suffirait mais dans les faits, si cela n’intéresse pas, la flamme s’éteint bien vite.

Je pense que c’est normal, à partir d’un moment, on a fait le tour et on n’en peut plus de se répéter, même si c’est ce qui fait que l’on devient « bon » dans son domaine.

Je sais que c’est une période et que cela me passera sans doute mais c’est pourquoi, après être tombé sur l’épisode numéro 116 du Podcast Vlan, je me suis procuré le livre de Paul Douard « Je cultive l’anti-ambition« .

J’étais très curieux de découvrir la définition de l’anti-ambition de l’auteur dans un monde où je trouve personnellement que nous en manquons clairement.

J’imagine que dans le meilleur des mondes, l’ambition devrait être une matière que l’on apprendrait à l’école où l’on apprendrait à se fixer des buts élevés sans se démotiver en cas d’échec.

On apprendrait à ne pas abandonner, à se remettre en question, à faire évoluer ses projets et surtout à continuer de rêver.

On n’apprendrait pas l’anti-ambition, c’est à dire à se démotiver, à se faire engueuler parce que l’on a échoué.

On n’apprendrait pas à ne voir que le côté négatif des choses et à ne rien attendre de la vie.

On apprendrait à donner un ou plusieurs sens à sa vie, à rêver plutôt trop grand que pas assez.

On apprendrait à avoir de l’espoir.

Malheureusement, on n’apprend rien de ce qu’il faudrait et vous savez, tout comme moi, ô combien il est dur de revenir sur son éducation.

Comme cela est expliqué dans le livre « Pourquoi eux ? Les secrets d’une ascension« , tout se joue avant 25 ans, voir même avant.

C’est pourquoi, si les « bases » ne sont pas posées en amont, c’est cuit.

C’est comme en sport où sauf exception, si on commence après 25 ans, on se rend bien compte, si l’on n’a aucun passé sportif, que l’on atteindra jamais le « haut niveau ». On se rend bien compte que l’on progresse difficilement.

Parce que tout se joue lorsque l’on est enfant et adolescent.

Malgré tout, cette notion d’ambition qui nous pousse à voir toujours plus grand, à vouloir toujours faire plus nous est régulièrement balancé à la figure par les exemples de ceux qui réussissent au delà de ce qui nous parait possible, comme si l’ambition était destinée et les projets associés à être accompli par une minorité qui aurait la capacité de rêver et d’accomplir ses rêves.

On a l’impression que le monde se divise en deux catégories.

D’une part, ceux qui ont toujours eu de l’ambition, qui sont occupés et animés à la concrétiser.

De l’autre, ceux qui n’en ont pas et qui attendent que la vie leur proposent des projets et qui peuvent attendre indéfiniment parce que rien ne se passe jamais dans l’attente.

C’est un peu la différence entre un suiveur et un Leader.

D’un côté, il y a quelqu’un qui attend qu’on lui dise quoi faire, qui plutôt que de tester pour se faire son avis personnel va demander à autrui le bien-fondé de sa potentielle future action et qui décide alors de sa mise en place en fonction de la ou des réponses reçues.

Il suffit que n’importe qui lui dise que c’est une mauvaise idée pour qu’il reste couché sur son canapé à regarder la 18 ème saison de Secret Story (Ca existe encore ?).

De l’autre, il y a celui qui fait dès qu’il a une idée, qui teste et qui peut aussi demander l’avis d’autrui mais qui va faire de toute façon. Il va se faire son avis et accroître son expérience. Il ne va pas vivre dans l’attente qu’on lui dise qu’il peut le faire, il ne va pas attendre d’avoir des regrets, il va faire même si cela nécessite de prendre des risques parce qu’à quoi bon vivre dans la totale sécurité ?

Je caricature un peu mais l’idée est là et je ne sais comment nous en sommes arrivés à voir tout un pan de la société manquer de confiance à ce point et se sentir incapable de faire quoi que ce soit sans l’aval d’autrui, à vivre sa vie en regardant ceux qui font.

Comme s’il fallait qu’on nous dise en amont : « Oui, vas y, mon petit, tu ne risques rien, je te rattraperais au cas où ».

J’aimerais, je souhaiterais que chacun prenne conscience que la vie n’a que de sens que celui qu’on lui donne et que rien, malgré l’injustice ambiante, ne tombe dans le bec en attendant chez soi que la vie mette sur son chemin un projet alors que l’on regarde son plafond un samedi après midi ensoleillé plutôt que de sortir boire un café ou un thé en terrasse.

Je comprends l’anti-ambition, ce découragement avant l’heure, cet abandon de soi-même avant même d’avoir essayé quoi que ce soit.

Comme disait mon associé dans le précédent SuperPhysique Podcast, c’est comme si la majorité se levait de son lit le matin et lisait des phrases du style :

« Tu n’es bon à rien »

« Tu es un gros nul »

« Reste à ta place »

Comme si une petite voix nous disait : « Faire plus ? Ce n’est pas pour toi ! Laisse tomber ».

Alors que le propre de l’homme n’est autre que de faire plus, toujours plus et de ne pas savoir se contenter.

Honoré de Balzac, célèbre écrivain français du 19 ème siècle, disait « La résignation est un suicide quotidien ».

En somme, se résigner, c’est mourir.

Se résigner, c’est ne rien faire, ne pas espérer, attendre, sait-on jamais que quelque chose se produise par enchantement, qu’une opportunité se produise sans que l’on est provoqué quoi que ce soit.

C’est vouloir ne jamais être déçu, fuir les déceptions que le vie nous réserve, c’est refuser tout « danger » au détriment de la vie.

Nous souhaitons tous être heureux mais nous ne sommes pas prêt à être malheureux.

Nous souhaitons tous être « riche » mais nous ne sommes pas prêt à travailler 70 heures par semaine.

Nous souhaitons tous les avantages possibles et inimaginables sans aucun inconvénients.

C’est caricatural également mais Oncle Ben avait raison : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » ce qui signifie à notre niveau que le bonheur ne peut exister sans le malheur.

Que l’on ne peut pas n’avoir que du positif.

On peut être anti-ambitieux et avoir une vie la plus plate possible où rien ne se passe, où l’on attend la mort.

On peut essayer de fuir le plus possible les « emmerdes », toujours dire non à tout, essayer d’en faire le moins possible.

Où on peut croire, comme le disait Steve Jobs dans son discours lors de la remise des diplôme à Stanford : « Vous devez croire que les événements de votre vie sont reliés pour vous donner l’assurance de suivre votre cœur ».

Que tout ce que vous vivez et vivrez fait parti d’un tout comme un bon programme d’entraînement, que c’est justement ces expériences vécues qui vous donneront l’assurance, la confiance demain de faire.

Il n’y a rien de plus excitant que de débuter dans un domaine à mes yeux alors que cela semble être source d’angoisse pour beaucoup devant la quantité d’information qui existe.

Je me souviens qu’un internaute m’avait dit que je produisais trop de contenu entre mes articles, vidéos, podcasts et que le jeune débutant que j’étais au début des années 2000 en musculation aurait été « déçu » d’avoir autant de contenu à disposition, que cela faisait « trop ».

C’est ne pas savoir qu’adolescent, je passais mes journées à lire et relire les magasines que j’achetais à tel point que je les connaissais par cœur, pour voir si je n’étais pas passé à côté d’une information capitale.

Que je passais chaque été sur tous les moteurs de recherches existants à rechercher si je n’avais pas loupé un article.

J’avais faim de connaissance, de savoir, de progrès c’est pourquoi je pense, comme je le disais plus haut, que ce qui me manque actuellement, c’est ce défi du débutant où tout est à faire, où tout est un défi.

Je crois, et c’est ma vision à ce jour, qu’il faut être ambitieux plutôt deux fois qu’une.

Qu’il faut être le décideur de sa vie la plupart du temps et ne pas être le suiveur en tout temps.

Je crois qu’il ne faut pas vivre suivant les dogmes d’autrui, même si l’on doit se conformer à certains pour pouvoir vivre en société.

Je crois qu’il faut viser au moins Mars, si ce n’est Krypton.

Je crois qu’il faut rêver et ne jamais s’arrêter de rêver et d’avoir l’espoir de réaliser ses rêves.

Parce que l’espoir est ce qui donne du goût à la vie.

Finalement, après la lecture de ce livre sur l’anti-ambition, j’en arrive à la conclusion qu’il faut être ambitieux pour ne pas subir la vie.

Qu’il ne faut pas être dans l’attente pour ne pas trop se poser de questions car à trop s’en poser, on devient fou à chercher des réponses qui n’existent pas.

Il faut être dans l’action et de là déboucheront des opportunités, des objectifs, des projets qui vous animeront.

Il faut faire pour faire encore plus.

Mon erreur est peut être de ne pas me provoquer assez d’opportunité, à rester dans le confort que j’ai construit ces quinze dernières années.

En même temps, cela me permet de comprendre ô combien il est difficile d’en sortir si on n’accepte pas de prendre des risques, de rester confortable.

Pour conclure, j’oserais paraphraser Steve Jobs en rajoutant que la vie ne vaut la peine d’être vécu pour que être insatiables et fous.

Alors ne renoncez pas avant d’avoir commencé, de grandes choses vous attendent à condition d’y croire et de vous faire confiance.

Rêvez plutôt deux fois qu’une.

Rudy

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