Faire acte de présence est-il aujourd’hui devenu tout ce qui compte ?
Juste participer suffit-il à rendre heureux ?
Est-ce qu’être juste là est suffisant pour être épanoui ?
Et qu’en est-il des résultats que l’on peut obtenir uniquement de sa présence ?
C’est lors d’une discussion avec l’un de mes amis que ce sujet est venu sur la table devant le constat, qu’au fil des années, de plus en plus de personnes fréquentent les salles de musculation mais de moins en moins ont des résultats en proportion du nombre grandissant de pratiquants.
C’est aussi ce que je vois avec les emails que je reçois via mon site de suivi-coaching en musculation en ligne où de plus en plus de personnes accumulent des années de pratique pour de moins en moins de résultats.
Je me suis souvent entretenu sur le sujet, notamment dans les SuperPhysique Podcast, qu’au cours de ses vingt dernières années, la musculation qui était alors une pratique marginale avait changé pour devenir une pratique de masse.
On va à la salle parce que tout le monde y va, parce que c’est la loi de la moyenne, que plus de 2/3 des gens aiment faire comme les autres, que cela les rassurent quant à ce qu’ils font.
Mais c’est aussi comme ca que l’on fait des efforts pour rien.
Qu’on a l’impression de pratiquer et que l’on est pas fait pour l’activité car on n’a pas de résultats à la hauteur de ce qu’on croit être des efforts suffisants pour progresser.
Au début des années 2000, la question que l’on se posait, c’était jusqu’où pousser nos séries, autrement dit : « Fallait-il forcer à fond ou s’arrêter une ou deux répétitions avant pour accumuler plus de volume ? »
C’est en ce sens que via mon expérience personnelle et de coach ayant coaché plusieurs milliers d’élèves depuis 2006, j’ai poussé à ne pas aller à l’échec, à expliquer le pourquoi du comment comme dans cet article « L’échec en musculation : Jusqu’où forcer ? » parce que je voyais bien qu’il y avait une limite à la surcompensation et que pour beaucoup, aller à l’échec, jusqu’à la dernière répétition possible, « l’épuisement » était contre-productif et ralentissait la progression plutôt que de l’accélérer.
C’était comme brûler les étapes, vouloir aller plus vite que la musique en espérant que cela le fasse.
C’est pourquoi je m’estime en partie responsable de ce à quoi j’assiste progressivement au fil des années étant donné que j’étais presque le seul à transmettre sur le net : Une déconnexion complète entre les objectifs que l’on se fixe et les moyens que l’on se donne.
Bien sur, l’être humain est aussi et surtout responsable de cela car c’est sa nature profonde de chercher des raccourcis, de faire le moins d’efforts possibles pour obtenir quelque chose, d’essayer de trouver des astuces, des hacks pour sauter les étapes qu’il sait nécessaires.
Il y croit tellement que tant qu’il n’a pas tout essayé, il croit toujours que des raccourcis existent, incapables de voir plus loin que le bout de son nez, de considérer la valeur travail / temps.
Aujourd’hui, j’ai la sensation qu’être là, c’est déjà bien (C’est cadeau Sav :D)
Que c’est déjà une satisfaction.
Faire acte de présence pour participer devient suffisant.
Il n’y a plus d’histoire de dépassement de soi, de faire mieux que la veille, de chercher à progresser, de repousser ses limites.
Et puis, nous sommes tellement déconnecté de nous-même que nous ne savons plus jauger la difficulté d’un effort. A force d’être dans le confort, ce qui était jugé facile il y a 15 ans est devenu extrêmement difficile aujourd’hui.
Les vidéos que je reçois de mes élèves en coaching ne sont plus les mêmes, notamment en début de suivi (Parce qu’après, je leurs transmets ce spirit qui m’est si chère et qui fait toute la différence comme j’en parlais dans cet épisode des SuperPhysique Podcast).
Ce qui est noté 10/10 en terme de difficulté vaut à peine un 5/10.
Un échec n’en est qu’un que par manque d’envie de réussir, parce qu’on faillit mentalement, parce qu’on ne se rend pas compte des efforts qu’il faut faire pour progresser, pour avancer.
On abandonne une série, un effort, non pas par manque de force ou d’endurance mais parce qu’on manque de volonté.
Je parle de musculation mais je pourrais parler de n’importe quel sport, activités, sujets…
C’est tendance globale que je vois, celle du participant où l’on croit que Pierre de Courbertin s’est arrêté à « L’important, c’est de participer » alors que comme cela est bien indiqué au musée olympique à Lausanne que j’ai visité il y a quelques temps, la vraie phrase « L’important, c’est de participer à condition d’avoir tout donné« .
Bien sur, parfois, nous donnons trop d’importance à ce que nous faisons, nous impliquons au delà du raisonnable mais je préfère personnellement cette version à celle à laquelle j’assiste de la plupart des individus qui oublient d’utiliser leur intellect.
Certains et certaines peuvent évidemment trouver du plaisir à être juste là, à participer, à regarder le paysage mais j’ai du mal à croire que cela suffise pour être heureux de faire sans objectif, sans progresser, sans évoluer.
Je n’arrive pas à le concevoir.
Evidemment, une activité peut être autotélique, se suffire à elle-même, nous motiver rien que sa pratique mais sur le moyen et long terme, il faut forcément y associer des progrès sans quoi cet aspect disparait.
C’est comme jouer à un jeu de société et perdre à chaque fois.
A un moment, on n’a plus envie d’y jouer.
On joue pour jouer mais on joue aussi pour gagner parce que cela entretient la motivation, l’envie, le sens.
On ne peut pas être un perdant toute sa vie et je ne crois pas que cela puisse rendre heureux et nous satisfaire.
Il ne s’agit pas non plus de forcer n’importe comment mais en conscience, en étant dans le moment présent là ce qui est complètement différent de faire acte de présence uniquement.
Personnellement, je n’ai jamais aimé perdre et si je fais quelque chose, c’est pour gagner, faire du mieux que je peux à ma façon.
Pas forcément contre les autres mais contre moi-même parce que je ne peux me satisfaire de si « peu ».
Faire acte de présence ne suffit donc pas.
Etre là, ce n’est pas déjà bien.
C’est juste mieux que rien.