Comment vraiment apprendre aujourd’hui ?
Quand j’étais enfant et adolescent, jamais je ne révisais en dehors des cours.
Ma mémoire me suffisait pour avoir de bonnes notes, une bonne moyenne.
Bien sur, il y avait des matières où il fallait travailler en dehors des cours pour approfondir certains sujets. Parfois, il fallait lire un livre et écrire une dissertation.
Mais je n’ai jamais réussi à réellement le faire.
Je trouvais que ce qu’on essayait de me faire lire n’avait aucun sens. En caricaturant un peu, on me demandait d’écrire 3 pages sur le pourquoi de la couleur d’une fleur.
C’était impensable pour moi de perdre mon temps avec ces futilités. La fleur est rose, point à la ligne.
On essayait de m’apprendre la vie par métaphores, par des fables qui n’avaient pas résonnances en moi.
Alors j’ai progressivement lâché l’école classique alors que j’étais en première.
Un matin, j’ai décidé de ne plus aller au lycée car je n’en pouvais plus. Je perdais mon temps, ma vie et passait à côté de ce que j’avais vraiment envie de faire.
A l’époque, ce qui me passionnait, c’était la musculation, et surtout comprendre comment prendre du muscle.
Je passais mes journées à lire des articles, à lire des interviews pour découvrir les secrets des champions, à me procurer des livres parfois n’ayant rien à voir en apparence avec le sujet de la muscu, à poser des questions à des personnes plus expérimentés sur les sujets…
Clairement, j’étais intéressé et je voulais apprendre. C’était obsessionnel et je pouvais en parler toute la journée (Les choses n’ont pas beaucoup changés pour le côté obsession quand je m’intéresse à un sujet).
Je ne me disais pas comme cela est parfois connoté négativement « Je dois apprendre ».
Non, je voulais plus que tout comprendre comment ca fonctionnait. Pourquoi faire tel exercice ? Comment forcer ? Quel programme faire ?…
Je voulais apprendre le pourquoi du comment et je passais des heures chaque jour à apprendre.
Alors qu’à l’école, on essayait de m’apprendre ce qui ne m’intéressait absolument pas, du moins sur le moment.
Vous le savez, on « doit » apprendre à lire et à compter au CP, on « doit » apprendre les multiplications en telle classe…
C’est toujours une question de devoir et non de pouvoir, de liberté comme je le partageais dans cet article de LeaderCast.
C’est pour cela que de nombreuses personnes sont en échec dans le système scolaire classique car elles n’apprennent pas ce qu’elles voudraient apprendre.
On les force à apprendre, à « s’intéresser en vain », à ce que le programme leur dit d’apprendre parce que c’est le moment et que c’est déjà décidé.
Ainsi, on tue la curiosité et la créativité de nombreux enfants à les forcer à faire ce qu’ils ne veulent pas faire et à les ériger en cancre, en « mauvais » parce qu’ils n’ont pas envie d’apprendre ce qu’ils « devraient » apprendre par rapport aux programmes à ce moment de leurs vies.
Par exemple, je n’aimais pas lire à l’école parce que les lectures que l’on me proposait ne m’intéressaient pas mais cela ne m’a pas empêché, quand j’ai eu le choix de lire ce qui m’intéressait, de devenir un « grand lecteur », de pouvoir passer des journées à lire, à creuser un sujet jusqu’à trouver une réponse et/ou à continuer le lendemain toujours avec cette quête de la réponse.
Et je ne parle pas des dissertations que je fuyais comme la peste où j’avais l’impression d’écrire pour ne rien dire, pour combler le vide des pages A4.
Aujourd’hui, j’apprends presque comme je respire.
Un sujet m’intéresse et je fais des recherches. J’achète les livres références sur le sujet, je pars à la recherche d’articles sur le net même si de plus en plus sont écrits par des rédacteurs web qui ne font que recopier ce que d’autres recopieurs ont écrit, j’écoute des podcasts, notamment des interviews, j’achète des formations…
Et surtout derrière, j’applique parce qu’on n’apprend jamais mieux qu’en testant, qu’en vivant les choses.
Je sais qu’aujourd’hui, nous avons des experts théoriques de tout, qui sortent des articles, des formations sans avoir une réelle expérience pratique du sujet mais pour moi, la théorie ne suffira jamais pour apprendre.
Parce que la théorie doit servir de support à la pratique et que bien souvent, on explique ce qui fonctionne sur le terrain en retard par la théorie, la « science ».
Consulter, regarder, lire et pratiquer ne suffisent d’ailleurs pas pour apprendre, ce serait trop « simple ».
Il faut synthétiser, mettre ses pensées en ordre, écrire, expliquer.
Apprendre ne suffit pas au sens stricte du terme.
Je me surprends parfois à écrire sur des sujets que je suis loin de maîtriser mais juste faire le tri dans ma tête, pour organiser ma pensée.
Parfois même, je publie en émettant des réserves et en expliquant que l’article ne reflète que ma vision actuelle qui est amenée à évoluer avec les connaissances et l’expérience que je vais accumuler sur le sujet ce qui m’a amené à réécrire des articles plus de 50 fois sur mon site RudyCoia.com par exemple.
Vous pouvez écrire des articles, des publications sur les réseaux, faire des podcasts, des vidéos, donner un cours, expliquer à un ami… Il y a d’infinies possibilités pour améliorer votre recette.
Moi qui détestait lire et apprendre, aujourd’hui, c’est ma première passion à tel point que je peux creuser un sujet jusqu’à pas d’heure, que je peux aller questionner au culot des spécialistes du sujet pour apprendre de ce que j’estime être les meilleurs, ceux qui ont d’abord l’expérience terrain mais aussi les explications de ce qu’ils font.
Aujourd’hui, ce que je crois, c’est que tout le monde aime apprendre mais nous avons trop tendance à prendre cela au sérieux, à voir l’apprentissage comme un travail, à le connoter négativement.
Alors qu’apprendre, c’est comme faire un puzzle, c’est un jeu.
On peut mettre une pièce au mauvais endroit (Pas qu’une d’ailleurs) et rire de son erreur, apprendre d’elle et réessayer jusqu’à réussir.
Ce qui est « bien » dans l’apprentissage, c’est que c’est sans fin, même si on se concentre sur un seul sujet. Il y a toujours matière à réfléchir, à réorganiser sa pensée, à améliorer sa pédagogie, sa recette.
On pense avoir tout compris quand on n’a rien compris.
On pense avoir tout appris quand on a vu que le sommet de l’iceberg.
Finalement, ma conclusion, c’est qu’il n’y a rien de plus plaisant que la sensation de compréhension d’un sujet, d’avoir ce fameux « Eurêka », ce tableau qui se construit petit à petit et qui ne se finira jamais.
Mais encore faut-il que l’on n’est pas tué votre curiosité plus jeune ou catalogué comme bon à rien, et le pire, que vous y ayez vraiment cru.
Car je peux vous le dire, ils avaient tous tort.
Vous n’êtes pas mauvais ; vous vous intéressez comme tout un chacun, surtout aux sujets qui vous intéressent.
Et je parierais que sur ces sujets, vous pouvez m’apprendre plein de choses !