Faut-il et doit-on aller vers le toujours plus ?
C’est drôle comme, quand nous mettons de la raison, nous comprenons que cette quête du toujours plus est une erreur.
Malgré tout, nous nous acharnons.
Cela nous motive, nous met en mouvement, nous donne l’impression d’avancer.
Faire toujours la même chose ? L’ennui, la mort !
En faire plus ? La vie, les émotions, les sensations !
Pourtant, cette course au toujours plus est une course que nous ne pouvons pas gagner où inévitablement, nous allons perdre.
Personnellement, j’ai couru pendant longtemps après le toujours plus de muscle. Il fallait être plus musclé, plus fort… Il ne pouvait pas se passer une séance sans que je fasse une répétition de plus ou que je mette plus lourd.
C’était inconcevable de faire moins que lors de la dernière séance car stagner, c’était régresser.
Forcément, quand on est jeune, qu’on est étudiant, qu’on a du temps, qu’on est en pleine construction, ca fonctionne plutôt bien, surtout si on a le Spirit (Cf cet épisode de LeaderCast).
Mais il arrive un moment où ce toujours plus se heurte à une limite.
Quand 2 séances par semaine suffisent pour progresser, ce n’est plus le cas.
Alors on passe à 3 séances, puis 4, puis 5… C’est l’escalade à l’instar de nombreuses activités sportives « d’endurance » où on comprend que plus on en fait, mieux cela est.
C’est à celui qui en fera le moins à côté dans sa vie, à celui qui s’entrainera le plus que la plus haute marche du podium sera donnée, que la fausse récompense le récompensera momentanément (Cf cet article de LeaderCast), à condition d’avoir le potentiel, les possibilités, l’hérédité qui fera qu’il arrivera à profiter de ce toujours plus.
Plus généralement, dans la vie, avant d’émerger, nous courrons après le toujours plus dans tous les domaines.
Nous courrons après toujours plus d’argent pour acheter des choses de plus en plus cher pour toujours plus les entasser et s’acheter une fausse estime de soi, pour déterminer sa valeur.
Alors nous travaillons plus car on nous a bien appris que travailler plus, c’était gagner plus.
Nous avons une voiture qui roule parfaitement mais nous voulons la dernière voiture futuriste.
Nous voulons suivre le modèle sociétale alors au lieu d’avoir un T2 de 42 m carré dans lequel nous nous sentons bien, nous envisageons très fortement d’acheter une maison de 150 m carré avec 1000 m carré de jardin en prenant un crédit qui nous obligera à travailler toujours plus.
Nous voulons avoir des vêtements de marque fabriqués par des petits indonésiens exploités parce que ca fait plus classe que d’avoir des vêtements sans gros logo, comme quand nous étions enfant, quitte à payer parfois 10 fois le prix de celui sans logo.
C’est comme cette histoire de bijoux dont certaines femmes raffolent… Je n’ai jamais compris cette histoire de se décorer, de vouloir briller par des décorations… plutôt que par soi-même.
A toujours courir après le toujours plus, nous oublions de vivre.
Nous ne faisons que pour plus tard, que pour avoir dans le futur.
Au lieu d’être encore une fois dans le moment présent (on y revient toujours), on se projette.
On trouve un sens à ce toujours plus.
Par exemple, je me disais que 46 cm de tour de bras, c’était mieux que 45. C’était extrêmement important.
A s’enfermer dans cette course, nous surconsommons et nous construisons notre propre prison, la fameuse prison dorée où pour la garder, il faut continuer, tenir ce rythme.
Or, comme je le disais plus haut, c’est un combat perdu d’avance.
Physiquement, parce que nous vieillissons.
Financièrement, parce que tout augmente.
Psychologiquement, parce que cela nous pèsera de plus en plus.
En tant qu’être humain, nous n’aspirons pas au toujours plus, nous aspirons à la liberté, aux possibilités de, à pouvoir plutôt que vouloir.
Nous mélangeons tout et cela nous enferme, nous prive de la sensation de liberté, de vivre.
Pire encore, plus notre « niveau » est élevé, plus cela nous demandera d’efforts à terme pour l’entretenir, le garder.
Et si l’on pense toujours plus, alors la peur de perdre continuera de vous enfermer parce que vous associez ce que vous avez à qui vous êtes.
Nous ne sommes pas nos possessions matérielles.
Nous ne sommes pas notre physique. Que vous avez 36 cm de tour de bras ou 39 cm ne changera absolument rien à terme.
Je ne sais plus qui disait que le bonheur n’est pas d’avoir ce que l’on désire mais d’aimer ce que l’on a mais la vérité est que lorsque tout va bien, tout va bien.
Il n’y a pas de certitudes et j’oserais même dire qu’à 99% du temps, c’est une erreur de croire qu’en ayant plus, cela voudra plus libre, plus heureux.
C’est l’inverse qui se produit. A avoir plus, on s’emprisonne.
Au lieu de pouvoir choisir ses contraintes, elles s’imposent d’elles mêmes.
Quand vous aviez votre appartement de 42 m carré, vous n’aviez pas grand chose à faire. Il vous fallait quelques meubles, le ménage était fait en 2 heures et après c’était la liberté.
Mais si vous avez une maison qui fait le triple avec du terrain, les quelques meubles se transforment en beaucoup de meubles. La décoration prend une tout autre tournure, sans parler du ménage. Et n’oublions pas l’entretien du jardin qui ne va se faire de lui-même.
Quand vous aviez des t-shirts à 15 euros et que vous faisiez une tâche dessus, vous n’en aviez rien à foutre. Maintenant, avec vos t-shirts à 80 euros, la moindre tâche, c’est la cata, la cata, la catastrophe (référence ultime pour les vrais !). Vous vous démenez pour le récupérer…
Vous faisiez une bosse sur votre vieille Clio de 2002, vous n’y pensiez même pas mais sur votre voiture toute neuve à 40 000 euros, c’est le drame et cela vous coutera un petit billet pour la faire réparer.
Au lieu d’accroitre votre liberté, le toujours plus vous enferme et vous abreuve d’obligations.
Malgré tout, il ne faut pas cracher dessus car c’est en partie ce qui nous fait bouger.
Mais peut être que nous n’avons pas besoin d’autant.
Peut être pouvons-nous nous satisfaire de moins et se laisser le choix de pouvoir.
Peut être même que c’est cette sensation de pouvoir (je peux) qui est l’objectif ultime.
Le « vouloir » est cette erreur que nous faisons tous à un moment ou à un autre, croyant à tort, qu’elle nous mènera à être plus heureux.
Dans la plupart des cas, c’est tout l’inverse qui se produit.
Ce n’est pas le toujours plus qui devrait nous driver mais le simple fait d’être « bien » et de « pouvoir ».
Parce qu’avoir, toujours plus, c’est la prison !