Tout est-il une question de dossard ?
Je viens d’une époque ou d’une éducation où l’on admire les champions.
On n’en est pas fan mais on est admiratif de leurs performances, de leurs abnégations, de leurs rigueurs jour après jour à essayer de progresser.
Bien sur, le monde est injuste et ce ne sont pas les plus rigoureux, les plus investis sur le moment qui finissent par gagner mais il y a une sorte de « justice », une admiration qui se mérite.
Evidemment, il est difficile de définir le mérite de chacun et chacune car nous ne voyons le monde qu’avec notre vision, avec ce que l’on a envie de croire, de se raconter comme histoire (Cf le chapitre un de mon livre « The LeaderProject« ).
Pour tout cela, un champion, il y a près de 20 ans, sous couvert de bonnes performances, pouvaient « vivre » ou au moins vivoter de son sport. Il avait des sponsors, on le médiatisait s’il performait au plus haut niveau, presque quelque soit son sport.
Puis les réseaux sociaux sont apparus et nous avons progressivement vu des gens d’un niveau de plus en plus faibles être adulés.
Au début, c’était les amateurs +++ dont je faisais parti en musculation, un peu en dessous des champions mais avec un niveau qui demandait presque autant d’implications et de sacrifices au jour le jour. C’est ainsi que dans la Team SuperPhysique, on ne retrouvait pas de personnes avec moins de 10 années d’entrainement au moment de sa création en 2009.
10 ans, 10 000 heures… peu importe, on méritait son niveau et la valeur « travail » était centrale.
Même si on admirait moins les champions, on admirait ceux qui se donnaient du mal depuis une décennie.
Ils y en avaient qui prenaient des raccourcis avec le dopage ou d’autres qui étaient vraiment très doués et à qui ils suffisaient de regarder un haltère pour prendre du muscle mais globalement, la logique, ma logique était respectée.
Le travail était récompensé.
Puis petit à petit, devant l’essor de la société de l’opulence et la fuite du moindre effort, ceux et celles qui semblaient plus accessibles par leurs « niveaux », ont commencé à être adulés.
Dans le milieu de la musculation qui est mon milieu de base depuis que j’ai 13 ans, des gens avec le niveau que j’avais à 16 ans, sans ironie pour le coup, sont devenus des stars, des influenceurs pour la simple est bonne raison qu’ils étaient accessibles physiquement.
Il n’y avait plus besoin de persévérer de longues années, en quelques mois, voir une année, c’était possible et surtout facile.
Je ne le sais que trop bien que l’être humain a du mal à se projeter, à voir à long terme comme l’explique Sebastien Bohler dans son premier livre « Le bug humain » mais quand même.
Comment être admiratif de si « peu » ?
Je comprends et je défends l’idée abondamment dans mes podcasts LeaderCast de découper ses objectifs en petits objectifs à l’instar d’Antoine de Saint Exupéry :
« Seigneur, apprends-moi l’art des petits pas.
Je ne demande pas de miracles ni de visions,
mais la force pour le quotidien !
Rends-moi attentif et inventif pour saisir
au bon moment les connaissances
et expériences qui me touchent particulièrement.
Affermis mes choix
dans la répartition de mon temps.
Donne-moi de sentir ce qui est essentiel
et ce qui est secondaire.
Je demande la force,
la maîtrise de soi et la mesure,
que je ne me laisse pas emporter par la vie,
mais que j’organise avec sagesse
le déroulement de la journée.
Aide-moi à faire face aussi bien que possible
à l’immédiat et à reconnaître l’heure présente
comme la plus importante.
Donne-moi de reconnaître avec lucidité
que la vie s’accompagne de difficultés, d’échecs,
qui sont occasions de croître et de mûrir.
Fais de moi un homme capable de rejoindre
ceux qui gisent au fond.
Donne-moi non pas ce que je souhaite,
mais ce dont j’ai besoin.
Apprends-moi l’art des petits pas ! »
Mais ce n’était pas fini !
Il y a eu ensuite le syndrome du finisher où ce qui comptait, c’était de finir la course, la compétition, peu importe, d’avoir participé. Il fallait accrocher son dossard chez soi, avoir son t-shirt de finisher, le partager sur les réseaux, être fier d’avoir fini, peu importe le résultat et surtout l’implication que l’on avait mise.
Tout ses symboles d’avoir fini étaient plus importants que la performance de soi que l’on avait donné.
J’en avais d’ailleurs fait un podcast à l’époque :